Harmonisation : Robert Ledent
Mp3 : Chorale de l'ULB
1. Alexandre dont le nom
A rempli la terre,
N'aimait pas tant le canon
Qu'il faisait le verre
Si le grand Mars des guerriers
S'est acquis tant de lauriers
Que devons, vons,vons,
Que pouvons, vons, vons,
Que devons nous faire
Sinon de bien boère?
2. Quand la mer rouge apparût
Aux yeux de Grégoire,
Aussitôt ce buveur crut
Qu'il n'avait qu'à boire;
Moïse fut bien plus fin
Voyant que ce n'était vin
Il la pa, il la pa,
Il la sa, sa, sa,
Il la passa toute
Sans en boire goutte.
3. Le bonhomme Gédéon
Faisait des merveilles,
Aussi n'usait, ce dit-on
Rien que de bouteilles.
Servons nous donc aujourd'hui
De bouteilles comme lui
Et faisons, sons, sons,
Et faisons, sons, sons,
Et faisons la guerre
À grands coups de verre.
4. Loth qui fut homme de bien.
Se plaisait à boère,
Dieu ne lui en disait rien
Il le laissait faire
Et puis quand il était saoul
Il s'endormait comme nous
Dans un' ca, ca, ca,
Dans un vern', vern', vern'
Dans une caverne
Près de la taverne.
5. Noé pendant qu'il vivait,
Patriarche digne,
Savait bien comme on buvait
Du fruit de la vigne;
De peur qu'il ne bût de l'eau
Dieu lui fit faire un bateau
Pour chercher, cher, cher,
Pour trouver, ver, ver,
Pour chercher refuge
Au temps du déluge.
Cette chanson figure dans la troisième partie (intitulée Les airs du berger amoureux) du Parnasse des muses (Paris, Hulpeau - 1627). Le Parnasse a été réédité l'année suivante et elle y figure cette fois dans la deuxième partie: le Concert des enfans de Bacchus.
On y trouve les 5 couplets avec au couplet 2 une légère variante; un couplet supplémentaire s'intercale entre les couplets 3 et 4.
Le mer rouge en sa couleur
En baillait à croère
Pharaon, mauvais beuveur
Eut envie d'en boère:
Moyse fut bien plus fin,
Il vit que ce n'estoit vin:
Il la passe toute
Sans en boère goutte.
Samson au vieil Testament
Acquist de la gloire,
Ne se servant seulement
Que de la machoire:
Mangeons en donc hardiment,
Car au nouveau Testament
Ce seroit opprobre
D'estre toujours sobre.
Sur cette chanson fort ancienne Louis-Claude Daquin (1694-1772) a bâti un célèbre Noël bressan:
Prenez, bergers, vos hautbois
Quittez vos houlettes.
Unissez aussi vos voix
Avec vos musettes.
Chantons noé, Noé,
Car Jésus est déjà né
Tout nu sur, sur, sur,
Tout nu la, la, la,
Tout nu sur, tout nu la,
Tout nu sur la dure
Dans cette froidure
Amis, je vous ai jà dit
De quitter vos bêtes.
Et d'aller dans ce taudis,
Pour y faire fête.
Et voir de vos propres yeux
Jésus né dans ce bas lieu,
Allez y, y, y,
Allez donc, donc, donc,
Allez y, allez donc,
Allez y donc vite
Je vous y invite.
Bergers, quoi qu'il soit enfant
Et dans la misère.
Il est pourtant triomphant
De toute la terre.
Il est le dauphin des cieux
Pour nous né dans ce bas lieu
Dedans u, u ,u,
Dedans ne, ne, ne,
Dedans u, dedans ne,
Dedans une étable
Pauvre et misérable.
On rencontre de nombreuses autres variantes:
1. Allons, bergers, allons tous,
L'ange nous appelle.
Un sauveur est né pour nous,
L'heureuse nouvelle.
Une étable est le séjour
Qu'a choisi ce Dieu d'amour,
Courons z'au, z'au, z'au,
Courons plus, plus, plus,
Courons z'au, courons plus,
Courons z'au plus vite,
A ce pauvre gîte.
2. De nos plus charmants concerts
Que tout retentisse,
Le ciel à nos maux divers
Est enfin propice.
Accordons en ce grand jour
Le fifre avec le tambour.
Timbale et, let, let,
Timba trom, trom, trom,
Timbale et, timba trom,
Timbale et trompette
Pour lui faire fête.
3. Satan au fond des enfers,
Brûlant dans les flammes
Voudrait dans les mêmes fers
Enchaîner nos âmes.
Ne craignons plus les combats,
Tout son pouvoir est à bas,
Malgré sa, sa sa,
Malgré fu, fu, fu,
Malgré sa, malgré fu,
Malgré sa furie,
Dieu nous rend la vie.
4. Quels présents faut-il porter
À ce roi des anges?
Robin pour l'emmailloter
Offrira des langes.
Gros Guillot un agnelet,
Moi, je porte avec du lait
Le plus beau, beau, beau,
Le plus fro, fro, fro,
Le plus beau, le plus fro,
Le plus beau fromage,
Pour lui faire hommage.
5. Mais pour bien faire la cour
À ce nouveau maître.
Notre zèle et notre amour
Doit surtout paraître.
Que chacun offre à son cœur,
Tout brûlant de cette ardeur
C'est la sain, sain, sain,
C'est la to, to, to,
C'est la sain, c'est la to,
C'est la sainte offrande
Que Jésus demande.
6. Prends ton verre et moi le mien,
Ami, -z-il faut boire.
C'est dans un flacon de vin
Au'on trouve la gloire.
A ta santé, Nicolas,
Tu boiras, mais tu crev'ras
Je bois du, du, du,
Je bois bras, bras, bras,
Je bois du, je bois bras,
Je bois du bras gauche,
C'est ça qui m'réchauffe !
1. Ah ! que les mères d'à présent
Ont du tourment avec leurs filles.
Elles ont toutes un amant,
Surtout lorsqu'elles sont gentilles.
Pour un amoureux
Jeune et vigoureux.
Elles briseraient fers et grilles,
Et s'échapperaient d' la Bastille.
2. Pauline, un soir à son amant
Qu'ell' désirait à la folie,
Donnait un rendez-vous charmant
Pour satisfaire son envie.
"Ah, viens donc ce soir,
Tu es mon espoir,
Colin, n'y manqu' pas je t'en prie"(bis)
3. "Eh tiens ! voilà mon pass'-partout
J'habite au cinquième étage.
Eh ! Colin attention surtout
De ne pas faire de tapage;
De mon cabinet,
Tu sais le secret,
Je ne t'en dis pas davantage".(bis)
4. La mère avait quelque soupçon
Car elle avait été gentille.
Se doutant bien qu'un beau garçon
Etait couché près de sa fille,
Ell' mont' doucement
Et frappe, pan, pan.,
Colin dans les draps s'entortille.(bis)
5. "Maman, ne le découvrez pas,
Il fait plus froid que de coutume.
Laissez le coucher avec moi,
Sous mon p'tit édredon de plume;
Si vous l' découvrez,
Maman, vous savez,
Il pourrait attraper un rhume".(bis)
Cette chanson est mentionnée sous le titre La Chanson de Mères dans l'ouvrage de Paul Marion (1911) qui la date de la fin du XVIIIe-début XIXe. Elle est connue sous d'autres noms, par exemple Pauline et Colin ou parfois Coline et Colin.
Il existe beaucoup de variantes dans le texte ; nous en voulons pour preuve la non-répétition du dernier vers dans le premier couplet avec ajout d'une mention relative à la Bastille. Cela semble indiquer que la chansons originale était antérieure à 1789.
Parmi d'autres variantes, signalons celle du couplet final où l'on trouve parfois, non pas une répétition, mais les vers :
Le cœur plus dur qu'une enclume
Il pourrait attraper un rhume.
Ce dernier vers semble également avoir été ajouté, cette fois pour atténuer la "brutalité" du vers précédent.
On trouve, dans Chansons de salles de garde et d'ailleurs (1928), deux couplets qui s'intercalent entre le 3e et le 4e, ainsi qu'un couplet final, mais ils semblent apocryphes:
Colin ne demandait pas mieux,
Trouve ce jour comme une année.
Au rendez-vous notre amoureux
Se rendit à dix heur's sonnées.
Tout en appelant
Frappe pan, pa, pan,
Ma chèr' Coline es-tu couchée (bis)
Ah Colin enfin te voilà,
Que j'étais dans l'impatience,
De te serrer entre mes bras
J'en avais perdu l'espérance,
Et puisque c'est toi
Déshabille-toi
Nous agirons en conséquence (bis)
La mèr' se souv'nant qu'à vingt ans
Elle en faisait bien davantage,
Ne priva pas sa fill' d'amant,
Et cessa de mener tapage,
Quand Colin le soir
Coline vient voir,
Ell' lui souhaite mêm' "Bon courage" (bis)
Voici un bref extrait d'une interprétation par Gaston Trémolo dans la série Chansons gaillardes de la vieille France enregistré en 1931. Ici, les deux premiers vers sont bissés dans tous les couplets.
Signalons également une excellent interprétation de Colette Renard dans Chansons gaillardes et libertines
.
À titre de curiosité : on trouve une version sur le site non officiel des Troupes de Marine. Elle est intitulée Derrière le séchoir. Les paroles sont identiques, mais alors pourquoi ce titre ? Tout simplement par ce qu'on y a ajouté ce refrain:
Et tu viendras ce soir
Où?
Derrière le séchoir, crac !
J' t'en foutrai une paire par-derrière.
1. Un pauvre aveugle qui n'y voyait rien
Va de porte en porte, (bis)
Un pauvre aveugle qui n'y voyait rien
Va de porte en porte, mais ne reçoit rien.
Bien, bien, bien, faites lui du bien
A ce pauvre aveugle, (bis)
Bien, bien, bien, faites lui du bien
A ce pauvre aveugle qui n'y voyait rien !
2. Un pauvre aveugle qui n'y voyait rien,
Rencontre une dame, (bis)
Un pauvre aveugle qui n'y voyait rien,
Rencontre une dame, qui lui veut du bien.
3. Mon pauvre aveugle, voulez vous des œufs ?
Non merci madame, (bis)
Mon pauvre aveugle, voulez vous des œufs ?
Non merci madame, j'en ai déjà deux
4. Mon pauvre aveugle, voulez vous du pain ?
Non merci madame, (bis)
Mon pauvre aveugle, voulez vous du pain ?
Non merci madame, j'en ai déjà un
5. Mon pauvre aveugle, voulez-vous du vin ?
Non, merci Madame, (bis)
Mon pauvre aveugle, voulez-vous du vin ?
Non, merci Madame, je suis déjà plein !
6. Mon pauvre aveugle, vous n'voulez donc rien ?
Je désire,madame, (bis)
Mon pauvre aveugle, vous n'voulez donc rien ?
Couchez avec vous, si vous le voulez bien !
7. Mon pauvre aveugle, vous n'y verrez rien !
Ça n'fait rien madame, (bis)
Mon pauvre aveugle, vous n'y verrez rien !
Ça n'fait rien madame, je le sentirai bien !
Voici une chanson dont on retrouve la trace dès 1536 dans une harmonisation à 4 voix de Pierre Passereau, dans le Second livre contenant XXV chansons nouvelles a quatre parties, cité par Claude Rassat .
Hellas, ma dame, faictes luy quelque bien
A ce povre aveugle qui ne voit rien.
Las, mon amy, voulez vous pas coucher ?
Ouy, ma dame, avec vous si voulez
Hellas , ma dame, ne luy donnez vous rien
A ce povre aveugle qui ne voit rien
Au fil des siècles le texte a subi des modifications, des ajouts. Voici par exemple, deux couplets qui sont manifestement plus récents:
Mon pauvre aveugle, voulez-vous du vin ?
Non, merci Madame, (bis)
Mon pauvre aveugle, voulez-vous du vin ?
Non, merci Madame, je suis déjà plein !
Mon pauvre aveugle, et du saucisson ?
Non merci Madame, non merci Madame,
Mon pauvre aveugle, et du saucisson ?
Non merci Madame, j'en ai un très bon.
Malgré de nombreuses modifications mais elle est restée très proche de la version initiale.
1. A Parthenay il y avait
Une tant belle fille
Ell' était jolie et l' savait ben,
Mais elle aimait qu'on l' lui dise,
Voyez-vous ! J'aime, lon la lon landerirette,
J'aime lon la lon landerira !
2. Ell' était jolie et l' savait ben,
Mais elle aimait qu'on l' lui dise
Un jour son galant vint la voir,
Un doux baiser il lui prit,
Voyez-vous ! J'aime, lon la lon landerirette,
J'aime lon la lon landerira !
3. ...Prenez-en un, prenez-en deux,
Et passez-en votre envie, ...
4. ...Mais quand vous m'aurez bien bisée,
Dam' n'allez pas leur y dire, ...
5. ...Car si mon père il le savait,
Il m'en coûterait la vie, ...
6. ... Quand à ma mère, ell' le sait ben,
Mais elle ne fait qu'en rire, ...
7. ...Ell' se rappell' ce qu'ell' faisait
Dans le temps qu'elle était fille, ...
Parthenay est une petite ville des Deux-Sèvres, dans la région du Poitou.
Fort ancienne mais parfois attribuée à tort à Jacques Douai(!), la chanson est chantée dans toute la France depuis le nord-est jusqu'en Charente, en passant par le Centre. Elle est connue sous le titre La belle fille de Parthenay. On la trouve mentionnée au Québec en 1905.
L'interprétation présentée ci-dessus date de 1932. Il s'agit d'un enregistrement de Beunetti au Cabaret du Chat Noir dans une série Chansons gaillardes de la vieille France.
1. Au bord de la Moselle,
Y avait un batelier;
Sa fille était pucelle
Et chacun le savait.
Tous les gars du village
Entre eux se demandaient:
Qui aura le puc'lage
De la fill' de Gonthier,
De la fill' de Gonthier.
Tirelé
Qu'a toujours son puc'lage
De la fill' de Gonthier
Tirelé
Qui n' veut pas le donner.
2. Elle fit la rencontre
D'un galant de chez nous;
Qui lui offrit sa montre
Et la prit sur les g'noux.
Un oiseau dans les vignes,
Eperdument chantait;
Ell' n'eut qu'à faire un signe
Et l'oiseau s'envolait;
Et la fill' de Gonthier
Tirelé
Perdait son pucelage
Et la fill' de Gonthier
Tirelé
N'eut plus rien à donner.
3. Malgré bien des promesses,
L'amant ne revint pas;
Pour cacher sa grossesse,
La pauvrett' se noya.
Aux jeun's fill's plein's de crainte,
L'hiver, à la veillée,
On chante la complainte
De la fill' de Gonthier
De la fill' de Gonthier
Tirelé
Qu'a perdu son puc'lage
Et qui s'est suicidée
Tirelé
De n' pouvoir le r'trouver.
1. J'étais caché sous la table à toilette
Où se mirait la gentille Antoinette;
J'étais placé de manière à tout voir,
Jusqu'à son petit chose, Son joli petit chose
Couleur de satin rose,
Bordé de noir (bis)
2. Un doux zéphyr caressait la nature,
Lise dormait sur la tendre verdure,
Sans se douter qu'on pût apercevoir
Jusqu'à son petit chose, Son joli petit chose, ...
3. Si tu vivais, ô ma tendre Lucie,
Si tu vivais au fond de la Turquie,
Du grand Sultan tu aurais le mouchoir,
Pour essuyer ton chose, Ton joli petit chose,...
4. Si Jupiter déchaînait son tonnerre,
Si les Anglais nous déclaraient la guerre,
Rien de tout ça ne saurait m'émouvoir,
Si j'étais sur un chose, Un joli petit chose, ...
5. Mais si parfois la bordure était blonde,
Comme on en peut rencontrer à la ronde,
Ne doutez pas qu'il ne fît son devoir,
Tout comme un autre chose, Un joli petit chose, ...
6. Messieurs, Mesdam's et gentes demoiselles,
Qui désirez chansonnettes nouvelles,
Prenez la mienne: elle est d'hi-er au soir,
Composée sur un chose, Un joli petit chose, ...
L'Anthologie hospitalière et latinesque attribue cette chanson à Restif de la Bretonne. On la retrouve en effet à la page 152 de Monsieur Nicolas ou le cœur humain dévoilé, œuvre de Restif de la Bretonne, publiée en 1794. C'est une version bien plus longue, que nous reproduisons ci-dessous:
1. Qu'un conquérant, fier d'embrasser le monde,
Brave les dieux de la terre et de l'onde.
Il me suffit, pour combler mon espoir, D'avoir un joli Chose
De satin rose,
Bordé de noir.
2. Qu'un érudit, dans sa bibliothèque,
Reste collé sur Platon, sur Sénèque,
Moi, je fais mieux : je mets tout mon savoir A bien connaître un Chose
De satin rose,
Bordé de noir.
3. Qu'un financier, dans son palais immense,
Bâille en faisant le malheur de la France,
Moi, plus heureux, j'ai pour étroit manoit Un joli petit Chose, ...
4. Le Père Adam, qui commença le Monde,
En qui gisait la science profonde.
Tout le premier déposa son savoir Au fond d'un joli Chose, ...
5. Plaideuse aimable, auprès d'un juge austère,
Si vous voulez avancer votre affaire,
Le moyen sûr, c'est de faire entrevoir Un joli petit Chose, ...
6. Un magistrat, c'est notre usage en France,
Sous la beauté voit toujours l'innocence,
Et rarement se refuse au pouvoir D'un joli petit Chose, ...
7. L'heureux mortel que tout le monde envie,
Est-ce un monarque aux lois de qui tout plie?
Non, mon Iris, c'est celui qui peut voir Ton joli petit Chose, ...
8. Je plains le sort du malheureux Narcisse ;
Trop de beauté pour lui fut un supplice.
Jeune blondin, s'il vous faut un miroir. Mirez-vous dans un Chose, ...
9. Si, par hasard, la bordure était blonde,
Comme on en voit beaucoup de par le monde,
N'hésitez pas, car ils font leur devoir Tout aussi bien qu'un Chose, ...
10. Petits abbés, femmes vives et belles.
Qui demandez toujours chansons nouvelles,
Chantez la mienne, elle est d'hier au soir, Faite à côté d'un Chose, ...
11. Loin de priser les dons de la fortune.
Leur vain éclat m'ennuie et m'importune;
Pour tout trésor, je ne veux rien avoir Qu'un joli petit Chose, ...
Il n'est pourtant pas vraisemblable que la chanson ait été écrite par Restif de la Bretonne, car trop de couplets diffèrent entre ces deux versions.
Il est bien plus probable que ce soit une citation d'une chanson bien connue à l'époque, due à un autre auteur.
1. Une jeune nonnette
En s'éveillant,
Du haut de sa chambrette,
Vit dans un champ,
Un garçon qui jouait gaiement
D'un bel instrument
Long comme cela.
2. Se mit à la fenêtre,
Le regardant.
Puis, d'un air très honnête,
Va demandant:
"Beau garçon, dites franchement
Quel est l'instrument
Dont vous jouez là ?"
3. "Vous jouez d'un air tendre
Qui me plait tant !
Je voudrais bien l'apprendre
Tout promptement;
Ce serait grand contentement
Pour tout le couvent
De savoir cela"
4. Regardant la pucelle
Fort tendrement
Et, la voyant si belle,
Dit en riant:
"Descendez, car mon instrument,
Quoiqu'il soit bien grand,
N'atteindra pas là"
5. Ne se fit point attendre,
Vint promptement.
D'abord il lui fit prendre
Son instrument
Et joua si parfaitement,
Si gaillardement
Dès ce moment-là.
6. Cette leçon finie
Trop brusquement,
Notre nonne jolie
Dit doucement:
"J'en aurais joué plus longtemps"
Puis, elle fit tant
Qu'il recommença.
7. Voyant quelqu'un paraître,
La pauvre enfant
Remercia son maître
En lui disant:
"N'oubliez donc pas le couvent.
Revenez souvent:
On étudiera"
Cette chanson figure dans Chansons gaillardes et bachiques du Quartier latin (1933); c'est une œuvre anonyme qui est datée de 1762.
Musique : Michel Blavet (1700-1768, flutiste virtuose et compositeur), tel que mentionné dans Coquin de Baroque
1. Io vivat ! Io vivat !
Nostrorum sanitas !
Hoc est amoris poculum,
Doloris est antidotum
Io vitat ! Io vivat !
Nostrorum sanitas !
2. Io vivat ! Io vivat !
Nostrorum sanitas !
Dum nihil est in poculo,
Jam repleatur denuo
Io vitat ! Io vivat !
Nostrorum sanitas !
3. ...Nos jungit amicitia,
Et vinum praebet gaudia
4. ...Est vita nostra brevior.
Et mors amara longior...
5. ...Osores nostri pereant,
Amici semper floreant ! ...
6. ...Jam tota academia.
Nobiscum amet gaudia...
Ce chant date vraisemblablement de la fin du XVIIIe siècle à l'époque où la République Batave avait été instaurée à Leiden (appelée erronément Lugdunum Batavorum).
Populaire, ce chant est traditionnellement chanté à la séance annuelle d'ouverture dans les principales université des Pays-Bas (Leiden, Utrecht, Erasmus, Groningen ainsi qu'à la Technische Universiteit d'Eindhoven).
1. A cette âme si chère
Le paradis convient
Car suivant ma grand-mère,
De l'enfer on revient.
Eh ! Gai, gai, gai, de profundis
Ma femme a rendu l'âme
Eh ! Gai, gai, gai, de profundis
Qu'elle aille en paradis.
2. Hélas! le ciel lui-même
Avait tissé nos nœuds.
Mon bonheur fut extrême...
Pendant un jour ou deux.
3. Quoiqu'il fut impossible
D'avoir l'air plus malin,
Elle était trop sensible ...
Si j'en crois mon voisin.
4. Non, jamais tourterelle
N'aima plus tendrement;
Comme elle était fidèle
A son dernier amant !
5. Dieu ! faut-il lui survivre ?
Me faut-il la pleurer?
Non, non, je veux la suivre ...
Pour la voir enterrer.
La chanson est due à Pierre-Jean de Béranger et porte pour titre original : De Profundis à l'usage de deux ou trois maris (œuvres complètes, Paris, Perrotin, 1834, tome II, page 330); on trouve la partition à la page 125 de Musique des chansons de Béranger publié également par Perrotin en 1847.
En fait, "Eh gai, mon Officier" est une chanson qui intervient au début de la scène V de Le mariage par escalade, opéra-comique de M. Favart. Il est publié dans le tome huitième à Paris chez Duchesne en 1763. Les plupart des airs sont notés mais celui-ci ne l'est pas; il est probable que la chanson était déjà bien connue à l'époque car on la retrouve dans de nombreuses pièces de théâtre et de vaudeville. La chanson est notée sous le numéro 167 dans La clé du caveau.
Signalons qu'elle a été également utilisée dans Portrait du Franc maçon de 1802; par la suite, elle a été reprise en 1820 par Wargny dans un hommage à Cardon.
d'après Musée virtuel de la musique maçonnique, Musique des chansons de Béranger et Théâtre de M.Favart, tome huitième.
1(*). Vive Henri quatre,
Vive ce roi vaillant !
Ce diable à quatre
A le triple talent
De boire, de battre,
Et d'être un verd galant.
2. Chantons l'antienne
Qu'on chant'ra dans mille ans;
Que Dieu maintienne
En paix ses descendants,
Jusqu'à c'qu'on prenne
La lune avec les dents.
3. J'aimons les filles,
Et j'aimons le bon vin;
De nos bons drilles
Voila le gai refrain.
J'aimons les filles,
Et j'aimons le bon vin.
4. Moins de soudrilles
Eussent troublé le sein
De nos familles
Si l' ligueux plus humain
Eut aimé les filles,
Eut aimé le bon vin.
5. Au diable guerres,
Rancunes et partis !
Comme nos pères
Chantons en vrais amis
Au choque des verres
Les roses et les lys.
6. Vive la France,
Vive le roi Henri !
Qu'à Reims on danse,
Disant comme à Paris:
Vive la France,
Vive le roi Henri !
(*) Généralement on bisse les deux premiers vers de chaque couplet, mais dans certaines version ce sont les deux derniers.
Voici une chanson fort ancienne dont le premier couplet date probablement du vivant de ce roi.
On retrouve ce premier couplet dans La forêt de Sénart, ou La partie de chasse de Henri IV, un opéra-comique en trois actes de Collé datant de 1774. D'après Du Mersan (Chansons nationales et populaires 1846) l'air est celui des Tricotets que l'on appelle encore Pas de Henri IV parce que ce dernier se plaisait à le danser.
Le second couplet fut ajouté lorsque Louis XVI autorisa la représentation à Paris de cette pièce qui, du temps de Louis XV, n'avait été jouée qu'en province.
Nous en donnons cinq autres couplets qui sont évidemment postérieurs.
La chanson fut évidemment interdite à la Révolution et une parodie en utilisa le timbre:
1. Aristocrate,
Te voilà donc tondu !
Le Champ-de-Mars
Te fout la pelle au cul;
Aristocrate,
Te voilà confondu !
2. Tout's vos noirceurs
Et vos projets tissu
A la Nation
Ils pendent tous au cul !
Aristocrate,
Te voilà donc foutu !
3. Aristocrates,
Vous voilà dans l' bahut !
J' bais'rons vos femmes
Et vous serez tous cocus;
Aristocrates,
Je vous vois tous cornus.
4. Aristocrates,
Il vous faut un repos !
Le scenis du Diable
Sera votre tombeau
Aristocrates,
Il vous faut un repos !
5. Buvons mes frères,
A la fédération !
Le pont en vient
Avec notre union
Buvons mes frères,
A toute la Nation !
6. N'oublions rien
Et portons à Louis
Une santé
Et à tous ses amis...
N'oublions rien
Et chérissons Louis !
Il faut remarquer le dernier couplet ajouté par les défenseurs de la royauté.
Henri IV incarnait tellement l'image de la royauté idéale que, sous la Restauration, elle était devenu un hymne quasi officiel; cependant à cause de son refrain "J'aimons les filles et j'aimons le bon vin", on évitait de le jouer devant les personnes royales.
Elle devint même, par l'ajout de couplets un hymne à la monarchie:
1. Fils d'Henri quatre,
O Louis ! ô mon Roi !
S'il faut se battre,
Nous nous battrons pour toi ;
En vrai diable à quatre,
Je t'en donne ma foi.
2. Vive Alexandre !
C'est l'ami des Bourbons ;
C'est pour nous rendre
Un roi que nous aimons,
Qu'il vient nous défendre,
Avec ses escadrons.
3. Bon Roi de France,
Si longtemps attendu,
La Providence
Enfin nous a rendu
La paix, l'espérance,
Cela nous est bien dû.
4. Toi, d'Angoulême,
Fille de tant de Rois ;
La vertu même.
Mille échos, mille voix
Disent que l'on t'aime
Comme on aime d'Artois.
5. Chant d'allégresse,
Chant du cœur, chant d'amour,
Redis sans cesse,
Et redis nuit et jour
Que dans notre ivresse
Nous chantons leur retour.
Vive Henri IV reste encore très populaire en France, en particulier dans tout le Sud-Ouest.
D'après Du Mersan - Chansons nationales et populaires( 1846) Les mots de la Révolution - Michel Vovelle (2004) Le Chansonnier royaliste ou l'Ami du Roi (1816)