La Fleur de tovtes les plus belles chansons qvi se chantent maintenant en France
tout novvellement faites & recueillies
A Paris l'an M.DC.XIV.
Je trouvay sur l'herbe assise Janneton qui s'endormoit. Je luy levay la chemise J'apperceu je ne scay quoy Que je ne vous veux Que je ne vous veux Que je ne vous veux pas dire. Cela est fait aimer, Ce qui me la fait aimer. La chose n'est pas honneste, Je ne la veux pas nommer Je ne la vous veux.&c. Je m'assis près de la belle En regardant ça & là. Et me voyant seul pres d'elle Je me saisis de cela Que je ne vous veux &c. La belle toute honteuse Reprit soudain ses esprits. Et d'une grace amoureuse M'osta ce que j'avoy' pris Que je ne vous veux &c. Non, non n'ayez peur mignonne, Luy dis-je, ne craignez rien. Tandis qu'il n'y a personne Laissez moy jouir du bien Que je ne vous veux &c. Ha mon ami, dit la belle, Quel feu m'est venir saisir Estein, estein, ce dit elle. Cette chaleur, ce desir Que je ne te veux &c. Puis qu'à ceste grand' fougere Je suis seule pres de toy Pren cela de la bergere Berger pren cela de moy Que je ne te veux &c. A ces mots soudain j'embrasse La belle qui se mouroit Et d'une mignarde grace Fismes à qui mieux feroit Ce que je ne veux &c. Encore en si douce peine Se soubstioit chasque fois Disant d'amour toute pleine Baise encor' une autre fois Mon petit teton Mon petit mignon, Mais il ne faut pas dire. Mille fois pour luy complaire Baisay sa bouche & ses yeux, Et pour nostre amour parfaire Je fis encore bien mieux Que je ne sçaurois Que je ne sçaurois Que je ne sçaurois vous dire Apres cela nous partismes Fort contents de ce lieu là, Et nous laissant nous promismes De continuer cela Que je ne vous veux Que je ne vous veux Que je ne vous veux pas dire. |