Le roi de Bavière


Arrangement : Xavier Hubaut 
MP3 : Les joyeux paillards 

1. Il était naguère
Un Roi de Bavière
Toujours suivi d'un mortel ennui
Qui ne le quittait guère
Un soir sous l'ombrage,
Seul avec son page,
Il entendit dans la forêt
Une voix qui chantait:

Moi je suis putain
Sacré nom d'un chien
Et pour un, écu
Je fais voir mes fesses
Moi je suis putain
Sacré nom d'un chien
Et pour un écu,
Je fais voir mon cul!


Page, quelle est cette voix de fauvette?
Sir' c'est Agnès qui se branle seulette
Et qui s'en va chantant
Ce refrain si charmant.


L'illustration est extraite de Chansons Cochonnes Chansons estudiantines traditionnelles adaptées en bandes dessinées par L-M CARPENTIER - MALIK - JIDÉHEM - KOX couleurs LAURENT album 48 pages cartonné couleur format 22-29cm aux Editions Topgame

2. Gentille bergère
Ta voix sut me plaire
Viens dans mon palais avec moi
Mes trésors sont à toi
Sir' vos trésors ne me tentent guère,
Vous pouvez bien vous les foutre au derrière
Et le roi l'épousa
Et le soir il chanta:

Ah! petit'putain
Que tu baises bien
Ton con chauss' mon vit
Co-omme une chasse
Ah! petit' putain
Que tu baises bien
Ton con chauss' mon vit
Comme un écrin.



La version diffère quelque peu de celle que l'on trouve dans l'Anthologie hospitalière et latinesque (1913, vol 2. p.359)

Les couplets sont quasi identiques, mais il y a trois refrains:

1. Pour la vertu !
Je suis putain,
Je montre mes fesses !
Pour la vertu !
Je suis putain,
Je montre mon cul !
Tu! tu! tu!


2. Je n'suis qu'un' putain,
Je le sais bien !
Faut que jeunesse se passe !
Pour un p'tit écu
Je fais voir mon cul
Et je dis merde à la vertu !
Tu !, tu !, tu !"


3. "Ah ! la p'tite putain !
Comme ell' bais' bien,
Comme ell' décharge !
Son petit conin
Chausse mon vit
Comme un brod'quin !
Tiens ! tiens ! tiens !"


Toutefois, on voit difficilement comment chanter ces trois refrains sur le même air !

La chanson est reprise dans le volume 2 de Chansons nationales et populaires de Dumersan publié en 1866. Elle est intitulée "La petite bergère et est attribuée à Gustave Lemoine.

1. Il était naguère
Un roi de Bavière,
Toujours suivi
D'un sombre ennui,
Que rien ne pouvait distraire :
Un jour sous l'ombrage,
Seul avec son page,
Il écoutait
Dans la foret
Une voix qui chantait...

Quel est, dit-il, près de nous
ce doux chant de fauvette !
-Sire, en ces lieux, je ne vois
 rien qu'une bergerette.


La fauvette, elle est là I
C'est Agnèle la bergère,
Qui se croit solitaire.
Regardez... la voilà.
Ah! ah!
Et le roi se troubla !
Ah! ah!
Et le roi se troubla !

2. Un jour, chez Agnèle
On porta dentelle,
Manteau brillant,
Souliers d'argent,
Car à la cour on l'appelle :
- Petite bergère,
Ta voix sait me plaire;
Chante pour moi,
Lui dit le roi,
Mes trésors sont à toi !

-Tous vos trésors, dit Agnèle,
ne me touchent guère ;
Mais cependant, Sire, je
vais chanter pour vous plaire.


Puis Agnèle chanta,
De sa voix si légère,
Son doux chant de bergère,
Son doux chant que voilà !
Ah! ah!
Et la cour l'admira.
Ah! ah!
Et le roi soupira !

3. A présent Agnèle
A montré son zèle ;
Sire, ô mon roi,
Permeltez-moi
De vous quitter, lui dit-elle.
- Non, ta voix touchante
Me calme et m'enchante,
De mon palais,
Je te promets,
Tu ne fuiras jamais !...

Puis cela dit, il la fit
monter jusqu'à son trône,
Et, devant tous, sur la tête
il lui mit sa couronne.


Et depuis ce jour-là
La petite bergère
Fut la reine de Bavière,
Pas plus fière pour cela.
Ah! ah I
Toujours elle chanta.
Ah! ah!
Le conte finit là !

Il est précisé que la musique, de Mlle Loïsa Puget, se trouve chez M. Heugel, éditeur, rue Vivienne, 2 bis.


Une question subsiste: qui est ce roi de Bavière ?

Le royaume de Bavière est assez récent : il date du 1er janvier 1806; le choix est assez restreint: Maximilien, Louis Ier, Maximilien II ou Louis II. Ce dernier, réputé homosexuel, n'entre probablement pas en ligne de compte, bien que ....

Parmi les trois autres, on peut raisonnablement pencher pour Louis Ier qui eut un comportement jugé "dissolu" et fut contraint de renoncer au trône.

Louis Ier de Bavière, né le 25 août 1786 à Strasbourg, mort le 29 février 1868 à Nice, fut roi de Bavière de 1825 à 1848. Marie-Dolorès Gilbert, dite " Lola Montès ", née le 23 juin 1818 à Iristown, Irlande, morte le 17 janvier 1861 à New York, avait une réputation sulfureuse.

Le 5 septembre 1846, Louis Ier lui accorde une audience et est aussitôt ébloui par la beauté de la jeune femme; ses talents de séductrice font le reste...

Devenu impopulaire à cause de sa liaison, Louis Ier est contraint d'abdiquer le 20 mars 1848 en faveur de son fils Maximilien II.
Et effectivement. ... la chanson est datée de 1846.