Le cul de ma blonde


Harmonisation : Robert Ledent
Mp3 : Chorale de l'ULB 
Voir la partition

cul de ma blonde

L'illustration est extraite de ChansonsCochonnes
Chansons estudiantines traditionnelles
adaptées en bandes dessinées par
L-M CARPENTIER - MALIK - JIDÉHEM - KOX
couleurs LAURENT album 48 pages cartonné couleur
format 22-29cm publié aux Editions Topgame

1. J'ai tâté du vin d'Argenteuil,
Et ce vin m'a foutu la foire;
J'ai voulu tâter de la gloire:
Une balle m'a crevé l'oeil.
Des catins du grand monde
J'ai tâté la vertu:
Des splendeurs, revenu,
Je veux tâter le cul

De ma blon-on-de, de ma blon-on-de
Des splendeurs, revenu,
Je veux tâter le cul
De ma blon-on-de, de ma blon- on-de.

2. Preux guerriers, vaillants conquérants,
Fi de la gloir' qui vous éclope,
Votr' maîtresse est une salope
Qui vous pince en vous caressant.
Empoignez-moi la ronde:
Et la lance et l'écu
De peur d'être cocu
Moi j'empoigne le cul...

3. Y a des gens qui font la grimace
Quand ils voient Monsieur le Curé
Promener dedans une châsse
Un bon Dieu en cuivre doré
Ce bon curé se trompe
Il serait mieux venu
Si foutant là l' Jésus
Il promenait le cul...

4. Mon fils. me dit un vieux dervis(1),
Permettez que l'on vous le dise:
A baiser sans permis d'église;
Vous perdez le saint paradis.
Vous foutez-vous du monde?
Dis-je à ce noir cocu.
Le paradis perdu
Vaut-il un poil du cul...
(1) dervis = derviche ?
5. Puisque ici bas, l'homme jeté,
Doit mourir comme une victime,
Je me fous du trépas sublime,
J'emmerde l'immortalité!
Puissé-je en passant l'onde
Du fleuve au dieu cornu
Godiller ferme et dru
Et mourir dans le cul...


Si un fabliau du XIIIe siècle célébrait le vin d'Argenteuil comme digne d'abreuver les rois de France, Alexandre DUMAS le dénonçait comme terreur des palais exercés.

C'est sans doute pourquoi l'auteur du Cul de ma blonde nous signale que ce breuvage engendre la foire (non pas de feria: fête, mais bien de foria: diarrhée.)

L'auteur, Paul-Emile DEBRAUX (1776-1831) était employé à la bibliothèque de l'Ecole de Médecine de Paris; chansonnier populaire et prolifique, il publia de nombreux recueils, parmi lesquels Fanfan la Tulipe.


Dans Le Parnasse satyrique du dix-neuvième siècle (1864) on trouve aux pages 44 à 46 du tome 1, le texte original de cette belle chanson dont les ans ont transformé la facture.
Voici donc ce texte original :

1. J'ai tâté du vin d'Argenteuil,
Et ce vin m'a foutu la foire ;
J'ai voulu tâter de la gloire :
Une balle m'a bouché l'oeil ;
Des catins du grand monde
J'ai tâté la vertu ;
Des grandeurs revenu,
Je viens tâter le cul
De ma blonde...

2. Parmi les catins du bon ton,
Plus d'une, de haute lignée,
A force d'être patinée
Est flasque comme du coton,
Et cette race immonde,
J'en suis bien convaincu,
Paîrait plus d'un écu
Le fermeté du cul
De ma blonde...

3. Preux guerrier, fameux conquérant,
Fils de l'Honneur qui vous éclope,
Votre Gloire est une salope
Qui vous pince en vous caressant.
Empoignez à la ronde
Et la lance et l'écu :
De peur d'étre cocu,
Moi j'empoigne le cul
De ma blonde...

4. On critique certains journaux.
Parbleu ! chacun a son mérite,
Et le défenseur du jésuite,
Lui, comme tous les libéraux.
J'aime à lire qui fronde
Un système fourbu ;
Mais qui l'a défendu
Sert à torcher le cul
De ma blonde...

5. A la barbe de maint curé
Quelquefois on fait la grimace,
Parce qu'il porte dans sa châsse
Un bon Dieu de cuivre doré.
Ce système qu'on fronde
Serait, je crois, mieux vu,
Si, plantant là Jésus,
On promenait le cul
De ma blonde...

6. - Garçon, me dit un vieux roupis,
Il faut enfin qu'on te le dise :
Baiser sans permis de l'Eglise,
C'est risquer le saint paradis...
- Vous foutez-vous du monde ?
Dis-je à ce vieux cocu,
Ce paradis cossu
Vaut-il un poil du cul
De ma blonde ?...

7. Puisque l'homme est ici jeté
Pour crever comme une victime,
Je me fous d'un trépas sublime,
J'emmerde l'Immortalité !
Puissé-je, en passant l'onde
Du fleuve au roi cornu,
Godiller ferme et dru,
Et cramper dans le cul
De ma blonde...

Le professeur HURDON (connu également sous le nom de Jean-Charles) la retrouve également dans les Gaudrioles du XIXe siècle et la cite dans 69 chansons d'étudiants.

Sur le plan terminologique, deux informations nous paraissent être dignes de figurer ici:
- le terme de catin, au XVIe siècle hypocoristique de Catherine, n'est devenu péjoratif que plus tard.
- l'expression vieux dervi utilisée à tort pour vieux derviche aurait bénéficié du respect du terme original de vieux roupis qui n'introduit pas de confusion paradisiaque.

Pour ce qui est de l'air, il dériverait d'un air d'opéra comique de Pierre Gaveaux (1761-1825) Les Deux Ermites et plus précisément de l'air De la Nature encore connu sous le titre Jeune Fille et Jeune Garçon

D'après l"édition des Fleurs du Mâle par le GRACE (1984)
et recherches personnelles.


Pour rendre hommage à ce poète prolifique, citons une de ces chansons fort bien écrite et qui figure aux pages 145 à 147 du tome 3 de ses Chansons nouvelles publié en 1829 : Le petit chat