Nini Peau-d' Chien

Paroles et musique: Aristide Bruant



Harmonisation : Robert Ledent
Mp3 : Chorale de l'ULB 
voir la partition

Refrain :
A la Bastille
On aime bien
Nini-peau-d'chien
Alle est si bonne et si gentille!
On aime bien
Nini-peau-d'chien!
A la Bastille!


1. Quand alle était p'tite
Le soir alle allait
A Saint'-Marguerite
Où qu'a s' dessalait;
Maint'nant qu'alle est grande
All' marche le soir
Avec ceux d' la bande
Du Richard-Lenoir.

2. Alle a la peau douce
Aux taches de son
A l'odeur de rousse
Qui donne un frisson
Et de sa prunelle
Aux tons vert-de-gris
L'amour étincelle
Dans ses yeux d' souris

3. Quand le soleil brille
Dans ses cheveux roux
L' génie d' la Bastille
Lui fait les yeux doux
Et quand a s' promène
Du bout d' l'Arsenal
Tout l' quartier s'amène
Au coin du canal.

4. Mais celui qu'alle aime
Qu'alle a dans la peau
C'est Bibi-la-Crème
Parc' qu'il est costaud
Parc' que c'est un homme
Qui n'a pas l' foie blanc
Aussi faut voir comme
Nini l'a dans l' sang!



Paroles et musique de cette chanson sont dues à Aristide Bruant (1905) © Editions Salabert.

Extrait du volume 3 de Dans la rue, nous vous présentons Nini Peau d' Chien ; les illustrations de ce volume sont dues au dessinateur Francisque Poulbot. Très attaché aux enfants, cet illustrateur a réalisé de nombreux dessins de titis parisiens; c'est là l'origine du mot "poulbot" qui désigne familièrement un gamin de Paris.

Vous pouvez également écouter un extrait en mp3 de l'enregistrement original de Bruant 

espace cabaret espace
L'ancien cabaret
espace bruant espace
Affiche
espace cabaret espace
à la rue Massé

Le premier "Caveau du Chat Noir" est né du sang de la Commune et a ouvert ses portes en novembre 1881; il était situé boulevard Rochechouart. Son slogan était "Faisons la Commune des arts et des lettres".
On trouvait au Chat noir le peintre Willette, les chansonniers Aristide Bruant, Jules Jouy, Jean Goudezki et son ami l'humoriste Alphonse Allais et les poètes Charles Cros, Albert Samain, Maurice Rollinat, Maurice Mac-Nab, Jean Richepin, etc.
Par la suite, il fut transféré à proximité de la rue de Laval (actuellement rue Victor Massé) et peu de temps après au 68, boulevard de Clichy. Actuellement c'est une brasserie qui occupe l'immeuble; elle a conservé l'enseigne.


Dans les albums d'Asterix, cette chanson est chantée par les Gaulois sur la galère pour fêter l'arrivée au Pirée dans Astérix aux Jeux Olympiques : À Lutèce, on l'aime bien Nini peau d'sanglier!...







La complainte des quatre-z-étudiants

Paroles et musique: Léon Xanrof (1890)

MP3 : Yvette Guilbert 

1. Je sais une complainte
Des quatr'-z-étudiants
Fait' pour donner la crainte
Des p'tit's femm's aux jeun's gens.
} (bis)

2. L' premier faisait des lettres,
Le s'cond du Droit Romain,
Le troisièm' faisait des dettes,
L' quatrièm' ne faisait rien.

3. D'un' femme assez gentille
Tombèr'nt tous amoureux;
Et comm' c'était un' bonn' fille,
Ell' les rendit heureux.

4. L' premier y offrit sa vie,
Le s'cond offrit son bras,
L' troisièm', sa bours' garnie
L' quatrièm' ça se dit pas.

5. En échang' la p'tit' blonde
Un' seul' chos' leur donna:
La plus bell' fill' du monde
N' peut donner que c' qu'elle a.

6. Mais quand vinr'nt les vacances
Et qu'ils rentrèr'nt chez eux,
Leur papa, dans les transes,
Leur dit: "P'tits malheureux!"

7. Vous n'êtes pas assez sages,
J' vous donn'rai plus d'argent
J' travaillais à vos âges,
Vous en ferez autant.

8. Ils se mir'nt à l'étude
Avec acharnement
N'avaient pas l'habitude,
Sont morts au bout d'un an.

9. V'là comment, pour un' femme,
Y a quat'-z-étudiants,
A la suit' de ce drame,
Qu'est morts en travaillant.




De son vrai nom Léon Alfred Fourneau, il adopte le pseudonyme étrange de Xanrof. En réalité, il s'agit tout simplement de la traduction latine de "fourneau", "fornax", écrite à l'envers !

Né à Paris le 9 décembre 1867, il devient étudiant à la fac de droit. Il compose déjà des chansons qui sont accueillies avec joie par ses camarades de l'Association générale des étudiants. Mais quand il veut publier ses vers, ses parents s'opposent à ce que leur nom y figure. Il prend alors l'équivalent latin de son patronyme et l'"anagrammisa".
Licencié endroit à 20 ans, il devient avocat stagiaire à la cour d'Appel de Paris en 1888. Il s'essaye au journalisme en écrivant une série de chroniques sur la chanson dans Le National.

Yvette GuilbertLéon XanrofEntré comme attaché au ministère de l'Agriculture, il continue à écrire des chansons. Il passe peu de temps au cabaret "Le Chat Noir".
Il collabore également à plusieurs journaux et revues où il tient la chronique judiciaire (La Lanterne), la chronique théâtrale (Gil Blas), il écrit la chanson au jour le jour (Le National), la chanson de la semaine (Courrier français), et bien d'autres encore.
On raconte qu'ayant failli un jour être écrasé sous les roues d'une voiture rue Lepic, il aperçoit à la portière du véhicule deux têtes, l'une d'un jeune homme, l'autre d'une jeune femme, visiblement dérangés au milieu d'étreintes amoureuses; amusé par l'incident , il écrit Le fiacre qui devient rapidement célèbre. Interprétée à l'origine par Félicia Mallet, elle est popularisée en 1890 par Yvette Guilbert et reprise par de nombreux autres interprètes parmi lesquels Les Compagnons de la Chansons, Jean Sablon, Jacques Douai, Germaine Montéro, Colette Renard, Cora Vaucaire, Francis Lemarque et même Georges Brassens.

Léon Xanrof entame dès lors une carrière musicale, chansonnier, notamment au Chat Noir, auteur-compositeur de nombreuses revues et opérettes.
Il décède à Paris le 17 mai 1953.

Signalons enfin que son pseudonyme a été converti en nom de famille par décision du Conseil d'Etat.

La version de La complainte des quatre-z-étudiants qui vous a été présentée est chantée par son interprète fétiche: Yvette Guilbert.

Quelques minimes différences avec la version publiée dans Les chansons illustrées (n°62): on trouve au 4e couplet "L' quatrièm', je ne sais pas"; au 5e "Son p'tit cœur leur donna", au 6e "Mais quand vinr'nt les vacances" ainsi que "Leur dit: P'tits galvaudeux !" et, enfin, au 7e "Vous n'aurez plus d'argent".






L'étudiante

Air: Héloïse et Abélard (Léon Xanrof)


Harmonisation : Robert Ledent 

1. C'était une étudiante exquise
Elle avait des yeux si brûlants,
Qu'ils euss'nt fait fondre une banquise,
Oh! aïe ma mère! Oh! aïe papa!

2. Comme elle était fort catholique,
Elle parfumait ses seins d'encens
Et ses hanch's étaient angéliques, ...

3. Tous les étudiants de la ville,
En étaient tombés amoureux
Mais elle était très difficile, ...

4. Il fallait pour cette sirène,
Un gibier bien plus savoureux,
Que les pauvres porteurs de pennes, ...

5. Cette étudiante si farouche,
A ses professeurs se donna,
Car elle était très fine bouche ...

6. Et les vieux prof's les plus austères,
Après vingt ans d' professorat
Connur'nt les plaisirs de la chair(e) ...

7. Dans les bras de cette déesse,
Ils fir'nt un effort émouvant
Pour donner cours à leur tendresse ...

8. À son examen de physique,
Son succès fut étourdissant
Surtout dans les travaux pratiques ...

9. C'est simplement pour cette cause,
Qu'elle eut la grande distinction
Mais elle eut encore autre chose ...

10. On dit que la science est amère,
Et l'on a mille fois raison,
Mais cett' fois la science était père ...

11. Pour payer leur béatitude,
Les professeurs fur'nt obligés
D'él'ver le fruit de leurs études ...

12. Mais dans sa loge le concierge,
Rigolait d'avoir le premier
Donné des cours à cette vierge ...

13. L'enfant à l'ombre de la loge,
R'ssemblait au concierge son papa
Car il était digne d'éloge, ...

14. La moralité de l'histoire
C'est que les fill's n'en ont pas
Et que tous les profs sont des poires ...



Pour la biographie de Xanrof, voir La complainte des quatre-z-étudiants







En descendant la rue d'Alger

En descendant la rue Tronchet, la rue Cuvier, l'avenue Héger,..



Arrangement : Xavier Hubaut 
MP3 : En descendant la rue Cuvier 

1. En descendant la rue d'Alger (bis)
Par un' putain fus accosté (bis)
Ell' me dit d'un air tendre: "eh bien?
Monte dans ma chambre"
Et vous m'entendez bien (bis)

2. Dans son taudis je la suivis, (bis)
Je me dirig' tout droit au lit; (bis)
Les draps et les couvertes, eh bien!
Etaient remplis de merde ...

3. J'la prends, j'la coll' sur l' paillasson (bis)
J' lui déboutonn' son pantalon (bis)
Et je la carambole, eh bien!
Elle avait la vérole! ...

4. Quand la vérol' fut déclarée (bis)
A l'hôpital fallut aller (bis)
A l'Hôpital maritime, eh bien?
Soigner ma pauvre pine ...

5. A l'hôpital je fus mené (bis)
Puis un méd'cin fut demandé (bis)
Mais quand il vit mon membre, eh bien!
ll s'en fut de la chambre ...

6. On fit venir pour me soigner (bis)
Un caporal, deux infirmiers (bis)
Et ces espèc's d'andouilles, eh bien!
Voulaient m' couper les couilles ...

7. Malgré mes larmes et mes cris (bis)
lls m'ont attrapé par le vit (bis)
Avec leur baïonnette eh bien!
lls m' coupèr'nt les roupettes ...

8. Comme je n'aim' rien voir traîner (bis)
Un bocal je me suis ach'té (bis)
Pour y mettre mes couilles, eh bien!
Qui pendaient comm' des nouilles ...

9. Depuis ce jour, avec dédain (bis)
Je regarde tout's les putains (bis)
Car mon coeur se rappelle, eh bien!
Mes couill's qu'étaient si belles
Et qui marchaient si bien (bis)

10. Quand on n'a plus ni couill's ni vit (bis)
Rien ne vous plaît, ni vous sourit (bis)
On s'en va au bordel, eh bien!
Fair' minette aux maquerelles
Et vous m'entendez bien (bis)



Outre la rue d'Alger et la rue Tronchet, il existe d'autres variantes de cette chanson selon l'appartenance des chanteurs: ceux de la Fac des Sciences descendent la rue Cuvier. A l'ULB on descend tout simplement l'avenue Héger !

Dans l'Anthologie hospitalière et latinesque apparaît la chaussée d'Antin, mais cette fois ce n'est pas un étudiant qui se promène, mais un militaire: la chanson est intitulée Le sergent-fourrier; le sergent-fourrier était le sous-officier chargé de la distribution des vivres et des équipements, du campement et du couchage des troupes. En voici le texte:

1. Un soir, sur la chaussée d'Antin (bis)
J' fus raccroché par une putin (bis)
"Viens-tu dans ma chambrette ?
Eh bien !
Nous y ferons minette."
Et vous m'entendez bien !

2. Moi qui suis bon sergent-fourrier, (bis)
Qui ne laisse rien à traîner (bis)
J'achète une chandelle,
Eh bien !
Et je suis la demoiselle.
Et vous m'entendez bien !

3. Mais, quand je fus dans son taudis (bis)
Quand je vis les meubles et le lit (bis)
Les draps qu'étaient superbes,
Eh bien !
Etaient pleins d'foutre et d' merde.
Et vous m'entendez bien !

4. Moi qui suis bon sergent-fourrier, (bis)
Qui ne laisse rien à traîner (bis)
Je la prends, ja la carambole,
Eh bien !
J'attrape une bonne vérole.
Et vous m'entendez bien !

5. A l'hôpital fallut entrer, (bis)
Pendant trois mois pour m' fair' soigner(bis)
Mais en voyant mon membre
Eh bien !
Le major sortit de la chambre;
Et vous m'entendez bien !

6. On m'envoya pour me soigner, (bis)
Un caporal, trois infirmiers (bis)
Ces quatre espèc's d'andouilles,
Eh bien !
Voulaient m' couper les couilles.
Et vous m'entendez bien !

7. Malgré mes larmes et mes cris, (bis)
On me prend, on me couche sur un lit (bis)
Et...d'un coup d' baïonette
Eh bien !
On me coupe les roupettes.
Et vous m'entendez bien !

8. Moi qui suis bon sergent-fourrier, (bis)
Qui ne laisse rien à traîner (bis)
J'achète une pochette,
Eh bien !
Pour y mettre mes roupettes.
Et vous m'entendez bien !

9. Depuis ce temps, soir et matin, (bis)
Je maudis toutes les putins (bis)
Et j' dis sans farambole,
Eh bien !
N'ayez pas la vérole.
Et vous m'entendez bien !

bourbaki espace

Pour l'anecdote, vers 1925, d'illustres mathématiciens français se sont regroupés sous le pseudonyme de Nicolas Bourbaki. Parmi les fondateurs citons André Weil, Henri Cartan, Claude Chevalley, Jean Coulomb, Jean Delsarte, Jean Dieudonné, Charles Ehresmann, René de Possel et Szolem Mandelbrojt; à cette belle brochette sont venus s'adjoindre d'autres tels Laurent Schwartz, Jean-Pierre Serre, Armand Borel, Adrien Douady, Michel Demazure, Alexandre Grothendieck, Alain Connes et bien d'autres.

Equivalent mathématique de l'Oulipo dans le domaine littéraire - où l'on retrouve d'ailleurs d'autres scientifiques tels Raymond Queneau, François Le Lionnais, Claude Berge, etc. - Bourbaki publia plusieurs volumes dans une série intitulée Eléments de mathématique et organisa de nombreuses rencontres sous des intitulés souvent fantaisistes.

bourbaki

Le Congrès de l'incarnation de l'âne qui trotte eut lieu du 19 au 26 octobre 1952 à Celles-sur-Plaine. A cette occasion, certains - hélas restés anonymes - écrivirent, probablement pendant une soirée relativement arrosée, une chanson dont vous pouvez lire les paroles ci-contre. Elle se chante sur l'air d' En descendant la rue d'Alger.

Elle a été publiée dans le n°29 de l'obscure revue "La Tribu" et se retrouve à la page 53 du livre de Maurice Marshaal intitulé Bourbaki: A Secret Society of Mathematicians

.

L'origine de cette chanson est inconnue. Pourtant elle est issue d'un modèle du XVIIIe siècle où les couplets se terminaient par "(Et) vous m'entendez bien". On retrouve, un peu partout, un nombre incalculable de chansons construites le même modèle; depuis certaines en patois auvergnat jusqu'à d'autres en patois du Piémont !

Dans l'édition de 1811 de La clé du caveau, il y a référence à deux chansons de même structure, l'une sous le n°639 intitulée Vous comprenez bien, vous m'entendez bien et l'autre sous le numéro 644 Vous m'entendez bien (Où allez-vous, monsieur l'abbé).
La seconde a été publiée dans La Gaudriole de 1849 et est mentionnée comme "chanson populaire du XVIIe siècle". Nous la reproduisons ci-dessous:

Monsieur l'abbé, où allez-vous ?

Monsieur l'abbé, où allez-vous ?
Vous allez vous casser le cou;
Vous allez sans chandelle,
Eh bien !
Pour voir les demoiselles,
Vous m'entendez bien !

De quoi vous embarrassez-vous ?
Si je vais me casser le cou :
Je porte ma chandelle,
Eh bien !
Dessous ma soutanelle,
Vous m'entendez bien !

Par le cocher de M. de Verthamont.

On retrouve cette chanson, amplifiée, dans Le Panier aux Ordures de 1866 où elle est intitulée:

L'abbé raccroché

1. Où courez-vous, monsieur l'abbé ?
Vous paraissez bien échauffé.
Venez dans ma chambrette,
Eh bien !
Prendre votre amusette,
Vous m'entendez bien.

2. Si vous aimez les beaux tétons,
J'en ai deux fermes, blancs et ronds:
Entre eux, nul mystère,
Eh bien !
Vous mettrez votre affaire,
Vous m'entendez bien.

3. De me foutre, êtes-vous tenté ?
Je vous offre sans vanité
Le conin d'une vierge.
Eh bien !
Plantez-y votre cierge,
Vous m'entendez bien.

4. Je sais que les abbées poupins
Et tous les autres calotins
Foutent comme à Sodome
Eh bien !
Monsieur, je suis votre homme,
Vous m'entendez bien.

5. J'ai le cul dur et rebondi
Sans tarder, logez-vous chez lui;
Je remûrai sans cesse.
Eh bien !
Et l'une et l'autre fesse,
Vous m'entendez bien.

6. Pour exciter votre appétit
Je vais vous chatouiller le vit;
Venez, mons la calotte
Eh bien !
Que je vous décalotte,
Vous m'entendez bien.

7. Moyennant un petit écu,
Je vous livre le con, le cul,
Les tétons et le reste
Eh bien !
Le prix est fort modeste,
Vous m'entendez bien.



644
L'air, le n°644 , ne ressemble absolument pas à l'air actuel. On remarque toutefois l'identité structurelle de cette chanson avec l'actuelle si l'on bisse chacun des deux premiers vers (ce qui était vraisemblablement le cas).

Mentionnons l'air 639 , cité plus haut, mais là encore l'air est fort différent.
639
Nous ignorons tout de l'origine de l'air sur lequel En descendant la rue... est chanté actuellement.






Le grand métingue du métropolitain

Paroles: Maurice Mac Nab
Musique: Camille Baron



MP3 : Le grand métingue 
Version originale : 

1. C'était hier, samedi, jour de paye
Et le soleil se levait sur nos fronts;
J'avais déjà vidé plus d'un' bouteille
Si bien qu' jamais j'm'avais trouvé si rond
V'là la bourgeois' qui rappliqu' devant l' zingue:
"Brigand, qu'ell' dit, t'as donc lâché l' turbin !"
"Oui que j' réponds, car je vais au métingue,
Au grand métingu' du Métropolitain !"
} (bis)

2. Les citoyens, dans un élan sublime,
Etaient venus guidés par la raison.
A la porte, on donnait vingt-cinq centimes,
Pour soutenir les grèves de Vierzon.
Bref, à part quatr' municipaux qui chlinguent
Et trois sergots déguisés en pékins,
J'ai jamais vu de plus chouette métingue,
Que le métingu' du Métropolitain !
} (bis)

3. Y avait Basly, le mineur indomptable,
Camélinat, l'orgueille du pays...
Ils sont grimpés tous deux sur un' table,
Pour mettre la question sur le tapis.
Mais tout à coup on entend du bastringue
C'est un mouchard qui veut faire le malin!
Il est venu pour troubler le métingue,
Le grand métingu' du Métropolitain !
} (bis)

4. Moi j' tomb' dessus, et pendant qu'il proteste,
D'un grand coup d' poing j'y renfonc' son chapeau;
Il déguerpit sans demander son reste,
En faisant signe aux quatr' municipaux;
A la faveur de c'que j'étais brind'zingue
On m'a conduit jusqu'au poste voisin...
Et c'est comm' ça qu'a fini le métingue,
Le grand métingu' du Métropolitain !
} (bis)

Morale:
Peuple français, la Bastille est détruite,
Il y a z'encore des cachots pour tes fils !..
Souviens-toi des géants de quarante-huite
Qu'étaient plus grands qu' ceuss' d'aujourd'hui
Car c'est toujours l' pauvre ouverrier qui trinque,
Mêm' qu'on le fourre au violon pour un rien...
C'était tout d' même un bien chouette métingue
Que le métingu' du Métropolitain !
} (bis)




Mac-Nab

Une chanson signée Mac-Nab, tout comme le célèbre Pendu .

Maurice Mac-Nab, né à Vierzon en 1856, n'a jamais été un chansonnier révolutionnaire.
Au contraire, ses idées étaient plutôt conservatrices; mais son talent était immense et ses charges étaient dépourvues de méchanceté.
Si bien que ses chansons furent adoptées sans arrière-pensées par le monde ouvrier.

Une autre remarque, c'est que le "Métropolitain" n'est pas, contrairement à ce que l'on pourrait croire, le métro ! En effet Mac-Nab est mort en 1889 alors que Fulgence Bienvenüe, le concepteur du métro ne commença ses travaux qu'en 1897.

Le Métropolitain dont il est question dans la chanson était une salle lilloise affectée à la vie associative et aux grandes réunions publiques ou syndicales, en somme l'équivalent de la Mutualité à Paris.
Emile Basly était un ancien mineur devenu député, et Zéphirin Camelinat, un ouvrier graveur nommé directeur de la Monnaie sous la Commune, exilé après la Semaine sanglante et, finalement, élu député en 1885.

D'après L'Anthologie de la Chanson Française de Marc Robine.

La version originale a été publiée en 1891 dans les Poèmes incongrus .

La mélodie de Camille Baron rappelle quelque peu celle d'Alphonse du Gros Caillou; toutefois l'air chanté sur les deux derniers vers diffère.