L'illustration est extraite de
Chansons Cochonnes
Chansons estudiantines traditionnelles
adaptées en bandes dessinées par L-M
CARPENTIER - MALIK - JIDÉHEM - KOX
couleurs LAURENT album 48 pages
cartonné couleur format 22-29cm
Editions Topgame
Nous avons reçu de François Durand, chef de l'ensemble Les enfants de Rabelais de Crespian (Hérault) une harmonisation que vous pouvez consulter ; à remarquer que dans cette version française, les couplets sont ponctués d'un vigoureux: "Lève la jambe...".
Tout d'abord, une première remarque au point de vue de la mélodie. Elle est identique, en mode majeur, à celle de Les filles des forges (chantée en mode mineur).
Cette chanson, de forme assez curieuse, est écrite en vers de 12 pieds, le dernier de 11 pieds.
Dans chacun des couplets, prenons pour exemple le couplet initial, le premier hémistiche, toujours le même, est composé de 5 pieds: "La digue du cul", le second en comporte 7: "En revenant de Nantes"; il exprime un moment de l'histoire. Ce vers est bissé (pour être certain que tout le monde ait compris ?).
La suite est formée de 2 vers; les trois premiers sont des sixains. Le premier et troisième continuent l'histoire et sont identiques "De Nantes à Montaigu" (tout le monde suit ?). Quant aux deuxième et quatrième, ils sont les mêmes tout au long de la chanson. Le deuxième, un sizain, "La digue, la digue" ne rime pas mais le quatrième rétablit la rime en "u". Toutefois, surprise, il ne comporte de 5 pieds: "La digue du cul". C'est le suspense,... on attend la suite.
On pourrait songer que "la digue, la digue" n'a guère de sens, comme ces mots qu'on rencontre dans d'autre chansons "La digue don don, la digue don daine" ou bien "la fari don don, la fari don daine" ou tout simplement "ton ton tontaine et ton ton" après une rime en "on".
Il n'en est rien; ici la digue a une réalité historique.
L'histoire de Montaigu commence au IXe siècle. A l'époque, ce n'est qu'un petit comptoir commercial qui est attaqué par les Vikings. Pour protéger ses biens, le seigneur du lieu prend les armes et construit un château qu'il protège par des palissades. Les commerçants se regroupent à l'abri des fortifications. Ce château étant construit sur un éperon rocheux, on lui a donné le nom de Montaigu.
Au XVe siècle Louis XI, le Prudent, rachète le château et, craignant une attaque du duc de Bretagne, reconstruit de solides fortifications; la ville n'est plus accessible que par quatre portes. Pour parfaire l'œuvre, ses ingénieurs imaginent la Digue de Montaigu. C'est en fait un barrage interrompant le cours de l'Asson, un petit ruisseau, et formant un étang.
La digue, longue d'une centaine de mètres, est large de treize mètres. Cet ouvrage monumental ne fut démantelé qu'en 1586 par Henri III lors des guerres de religions. Les remparts sont alors démolis en une ouverture dans la digue pratiquée. Ces vestiges subsistent encore actuellement.
Quant à l'origine de la chanson plusieurs hypothèses sont avancées: la légende fait état d'une chute de la duchesse du Berry en traversant la Maine sur un bouchaud, près de Remouillé. La duchesse toute mouillée se dévêtit et, pour les besoins de la rime, on transposa l'incident à Montaigu. On raconte aussi que la digue était un lieu où les habitants avaient coutume de se retrouver pour se raconter des propos grivois.
Ce qui semble plus vraisemblable, c'est la présence à Montaigu de contingents de soldats venant de Nantes et allant à Rochefort; c'est en effet typiquement une chanson de marche.
D'après les informations historiques et linguistiques fournies par M. Henri Habrias
Ouest-France: La digue de Montaigu bientôt classée aux Monuments historiques ?
et Terres de Montagne, le patrimoine militaire.
De Nantes à Montaigu
adaptation de Bernard Gatebourse