V'là l'bon vent, v'là l'joli vent


MP3 : Vla l'bon vent 

digue
32 chansons à boire éd.Grimaud

V'là l'bon vent, v'là l'joli vent,
V'là l'bon vent, ma mie m'appelle.
V'là l'bon vent, v'là l'joli vent,
V'là l'bon vent, ma mie m'attend.


1. Derrièr' chez nous y a t'un étang, (bis)
Il n'est pas larg' comme il est grand.

2. Il n'est pas larg' comme il est grand (bis)
Trois beaux canards s'en vont nageant.

3. Trois beaux canards s'en vont nageant (bis)
Y en a deux noirs, n'y en a un blanc.

4. Y'en a deux noirs, n'y en a un blanc (bis)
Le fils du roi s'en va chassant.

5. Le fils du roi s'en va chassant (bis)
Avec son beau fusil d'argent.

6. Avec son beau fusil d'argent (bis)
Vise le noir et tue le blanc.

7. Vise le noir et tue le blanc (bis)
Par dessous l'aile il perd son sang.

8. Par dessous l'aile il perd son sang (bis)
Par les yeux lui sort des diamants.

9. Par les yeux lui sort des diamants (bis)
Et par le bec l'or et l'argent.

10. Et par le bec l'or et l'argent (bis)
O fils du roi tu es méchant.

11. O fils du roi tu es méchant (bis)
D'avoir tué mon canard blanc.

12. D'avoir tué mon canard blanc (bis)
Tu me le paieras cinq cents francs.

13. Tu me le paieras cinq cents francs (bis)
Que ferons-nous de cet argent.

14. Que ferons-nous de cet argent (bis)
Nous ferons bâtir un couvent.

15. Nous ferons bâtir un couvent (bis)
Pour mettr' les filles de dix-huit ans.

16. Pour mettr' les fill's de dix-huit ans (bis)
Et les garçons de vingt-cinq ans.


Cette chanson se trouve parmi les Chants populaires recueillis dans le pays messinsous les titres Les canards blancs ainsi que La blonde et le canard blanc. Elle est également mentionnée sous l'intitulé Sur le joli pied du verre parmi les Chansons populaires de l'Ain.

En fait, sa facture (chanson en laisse) fait croire à une origine bien plus ancienne. Cela explique qu'elle se retrouve également au Canada.

Le dernier couplet est parfois remplacé par :

Pour mettr' les fill's au couvent
Et les garçons au régiment.







Aux oiseaux


MP3 : Gaston Stello 

1. Près de la vill' de Dijon,
La belle digue dig' la belle digue don,
Il y avait un' fontaine,
La digue don daine.
Il y avait une fontaine,
Aux oiseaux, aux oiseaux !


2. Près d'elle un bien beau tendron,
La belle digue dig' la belle digue don,
Pleurait comme un' madeleine,
La digue don daine.
Pleurait comme un' madeleine,
Aux oiseaux, aux oiseaux !

oiseaux
32 chansons à boire, éd.Grimaud
3. Passa tout un bataillon, ...
Qui chantait à perdre haleine, ...

4. Comment vous appelle-t-on ? ...
Je me nomme Marjolaine, ...

5. Marjolaine, c'est un doux nom, ...
S'écria le capitaine, ...

6. Marjolaine qu'avez-vous donc ? ...
J'ai vraiment beaucoup de peine, ...

7. Paraît que tout l' bataillon, ...
Consola la Marjolaine, ...

8. Quand vous passerez par Dijon, ...
Allez boire à la fontaine, ...


Cette fort ancienne chanson folklorique a fait l'objet de divers enregistrements: celui que nous vous présentons date des environs de 1930 et est dû à Gaston Stello qui eut son heure de célébrité dans divers cabarets, le Chat Noir, le Lapin à Gill, ... Elle a été reprise vers 1950 par Raymond Souplex.


En 1964, c'est la première des 4 chansons que Georges Brassens utilise dans La route aux quatre chansons.


J'ai pris la route de Dijon
Pour voir un peu la Marjolaine,
La belle, digue digue don
Qui pleurait près de la fontaine.
Mais elle avait change de ton !
Il lui fallait des ducatons
Dedans son bas de laine
Pour n'avoir plus de peine.
Elle m'a dit : "Tu viens, chéri ?
Et si tu me payes un bon prix
Aux anges je t'emmène,
Digue digue don daine"
La Marjolaine pleurait surtout
Quand elle n'avait pas de sous.
La Marjolaine de la chanson
Avait de plus nobles façons.

Les trois autres sont: "Sur le pont d'Avignon", Dans les prisons de Nantes" et "Auprès de ma blonde".


Signalons que sa mélodie des "Oiseaux" a servi de support publicitaire à une célèbre moutarde... de Dijon !





Les godillots sont lourds


MP3 : Les Octaves 

Refrain:
Les godillots sont lourds dans l' sac,
Les godillots sont lourds.

}(bis)

moulin
32 chansons à boire, éd.Grimaud

1. Là-haut sur la colline
est un joli moulin,(bis)
Le meunier qui l'habite
est un joli blondin. (bis)

2. Arrive un' bonne vieille
pour y fair' moudr' son grain, (bis)
Pour vous ma bonne vieille
mon moulin n' tourn' pas bien. (bis)

3. Envoyez-moi votr' fille
demain de grand matin, (bis)
Le lendemain arrive
la fill' d'un air mutin. (bis)

4. Le meunier la renverse
sur un grand sac de grain, (bis)
La bell' s'est endormie
au tic-tac du moulin. (bis)

5. Réveillez-vous la belle
car votre sac est plein, (bis)
Qu'aurais-je pour ma peine ?
dit le meunier calin. (bis)

6. Ah ! que va dir' ma mère
voyant mon sac si plein, (bis)
Y en a plein la mesure
et puis plein mes deux mains. (bis)

7. Tu lui diras la belle
qu' c'est l'tic-tac du "moulin", (bis)
Qui fait grossir le ventre
et arrondir les seins. (bis)

8. Au bout d' neuf mois à peine
arrive un p'tit blondin, (bis)
Ayant sous la bedaine
un tout petit "moulin ". (bis)


Voici une bien curieuse chanson. Les couplets sont de facture ancienne, écrits en alexandrins monorime en "-in". La stucture est adaptée à une chanson de marche, ce qui justifierait la présence de godillots.

Pourtant si l'histoire d'une fille qui va au moulin, histoire somme toute assez banale (sans jeu de mots ;) et fort ancienne, le refrain est anachronique et incongru; que viennent y faire ces lourds godillots ? et de plus, pourquoi dans un sac (de farine peut-être ?).
Il semble donc que la chanson est la fusion des couplets d'une chanson ancienne et du refrain d'une autre plus moderne.


On trouve quelque variantes avec des couplets typiques d'une chanson de marche.

Là-haut dessus la côte ca va descendre enfin,
Appuie donc sur tes bottes et pass' moi un coup d' vin

Ce soir au bout d'l'étape, y aura un bon p'tit bistrot
Avanc' donc qu'on s'la tape, y aura du bon fricot

La route est radieuse et belles sont les fleurs
Et ses filles rieuses aux yeux pleins de candeur

Revenons-en aux couplets. L'histoire da la fille et du meunier du moulin est un schéma très classique que l'on retrouve déjà au XVe siècle; il s'agit alors de "Penotte" qui "sen va au moulin Dessus son asne Baudouyn".

Elle se retrouve dans bien d'autres chansons folkloriques; dans certaines variantes de cette très populaire chanson on apprend que la fille s'appellerait Rosette et le meunier Jean-Pierre.

Parfois encore, elle reste anonyme. En 1536, dans La Couronne et Fleur des chansons à troys, publié à Venise on trouve:

La Jeusne Dame va au molin
Dessus son asne Bauduin,
Tout chargé de grenarde(*),
La sonbredondon
Tout chargé de grenarde,
La sonbredondon.

Quand le mosnier la vit venir :
« Belle, viendrez-vous moudre icy ?
Et deschargerons l'asne ! »
La sonbredondon.
Et deschargerons l'asne ! »
La sonbredondon.

Tandis que le molin moloit,
Le mosnier fesoit son devoir,
Et le loup mangeoit l'asne ?
La sonbredondon.
Et le loup mangeoit l'asne ?
La sonbredondon.

(*) grenarde = ensemble de grains

D'après Marianne et son âne Martin, si n'en parlions ? par Michèle Cardé-Valière

Nous avons également retrouvé une chanson analogue dans Airs de Cour publié en 1607: La belle s'en va au moulin.
En 1614, on trouve une version légèrement différente dans La Fleur de toutes les plus belles chansons .

Elle s'est répandue par toute les régions de France sous des titres différents Quand Marion va-t-au moulin dans l'Anjou, La Belle et son Ane mangé au Moulin dans le Nivernais. Remarquons que l'histoire de l'âne mangé par le loup est évidemment à double sens. Parfois certaines versions enfantines édulcorées portent le titre Marianne s'en va-t-au moulin.

Outre-mer, au Canada, elle porte également ce nom.
L'encyclopédie de la musique au Canada la décrit ainsi: Cette chanson folklorique raconte sur un rythme plein d'entrain l'aventure de Marianne : son âne attaché derrière le moulin est mangé par un loup et le meunier lui paie un autre animal. À son retour, Marianne explique à son père que le jour de la Saint-Michel, les ânes changent de poil.

Vous pouvez écouter ci-après une fort ancienne interprétation chantée par Arthur Lapierre en 1928.

Marianne s'en va-t-au moulin


MP3 : Arthur Lapierre  

1. Marianne s'en va-t-au moulin (bis)
C'est pour y faire moudre son grain (bis)
à cheval sur son âne,
Ma p'tite mam'zelle Marianne,
à cheval sur son âne Catin
S'en allant au moulin.

2. Le meunier qui la voit venir (bis)
S'empresse aussitôt de lui dire (bis)
Attachez-donc votre âne,
Ma p'tite mam'zelle Marianne,
Attachez-donc votre âne Catin
Par derrière le moulin.

3. Pendant que le moulin marchait (bis)
Le loup tout à l'entour rôdait (bis)
Le loup a mangé l'âne,
Ma p'tite mam'zelle Marianne,
Le loup a mangé l'âne Catin
Par derrière le moulin.

4. Marianne se mit à pleurer (bis)
Cent écus d'or lui a donnés (bis)
Pour acheter un âne,
Ma p'tite mam'zelle Marianne,
Pour acheter un âne Catin
En r'venant du moulin.

5. Son père qui la voit venir (bis)
Ne put s'empêcher de lui dire (bis)
Qu'avez-vous fait d'votre âne,
Ma p'tite mam'zelle Marianne,
Qu'avez-vous fait d'votre âne Catin
En allant au moulin ?

6. C'est aujourd'hui la Saint-Michel (bis)
Que tous les ânes changent de poil (bis)
J'vous ramène le même âne,
Ma p'tite mam'zelle Marianne,
J'vous ramène le même âne Catin
Qui m'porta au moulin.

Signalons que Catin était à l'origine le diminutif de Catherine et n'avait rien de péjoratif. Mais alors pourquoi ce prénom féminin ?

Tout simplement parce que dans les chansons anciennes du XVIe siècle l'âne mangé par le loup était, par erreur, remplacé par une anesse !






Encore un p'tit verre de vin


Encore un p'tit verre de vin,
Pour nous mettre en route
Encore un p'tit verre de vin,
Pour nous mettre en train
Ceux qui voudront s'en aller s'en iront
Ceux qui voudront rester resteront.



encore
32 Chansons à boire, éd.Grimaud


1. Nous partons en ballade,
A la fête d'Argenteuil, ah, ah !
Le p'tit bleu camarade,
Va nous taper dans l'oeil, ah, ah !
Vous êtes comm' moi sans doute,
Avant de fair' la malle, ah, ah !
Je cass'rais bien une croûte,
En buvant un guindal (*).

2. Mon vieux propriétaire,
Est l' modèle du quartier, ah, ah !
Jamais d' ses locataires,
Y n'augmente le loyer, ah, ah !
Le dimanche il nous mène,
Tous chez le marchand d' vin, ah, ah !
Et chante à perdre haleine,
Avec nous ce refrain :

3. Dans ce soir de ripaille,
Deux copains sont tombés, ah, ah !
Mais avant qu'ils s'en aillent,
L'un d'eux s' met à crier: ah, ah !
Allez la tenancière,
Apportez le litron, ah, ah !
Un goutte, c'est la dernière,
Ma vieille, et nous partons.

4. Je suis matérialiste,
Et avant qu'il fass' jour, ah, ah!
Je dois à l'improviste,
Retrouver mes amours, ah, ah !
Adieu les camarades,
Mais avant d' nous quitter, ah, ah!
Je vous offre une rasade,
Voulez-vous accepter :

(*) en argot, guindal = grand verre à boire.






Ma vigne

Paroles et musique de Pierre Dupont


Bon Français quand je vois mon verre,
Plein de son vin couleur de feu,
Je songe en remerciant Dieu,
Qu'ils n'en ont pas, qu'ils n'en ont pas dans l'Angleterre,
Qu'ils n'en ont pas, qu'ils n'en ont pas dans l'Angleterre.


1. Cette côte à l'abri du vent,
Qui se chauffe au soleil levant
Comme un vert lézard, c'est ma vigne ;
Le terrain en pierre à fusil
Résonne et fait feu sous l'outil ;
Le plant descend en droite ligne
Du fin bourgeon qui fut planté
Par notre bisaïeul Noé...

2. Au printemps, ma vigne en sa fleur,
D'une fillette a la pâleur ;
L'été, c'est une fiancée
Qui fait craquer son corset vert ;
A l'automne tout s'est ouvert :
C'est la vendange et la pressée ;
En hiver, pendant son sommeil,
Son vin remplace le soleil.

3. La cave où mon vin est serré
Est un vieux couvent effondré,
Voûté comme une vieille église.
Quand j'y descends, je marche droit,
De mon vieux vin je bois un doigt,
Un doigt... deux doigts... et je me grise.
A moi le mur, et le pilier !
Je ne trouve plus l'escalier.

4. La vigne est un arbre divin ;
La vigne est la mère du vin :
Respectons cette vieille mère,
La nourrice de cinq mille ans,
Qui, pour endormir ses enfants,
Leur donne à teter dans un verre,
La vigne est mère des amours.
O ma Jeanne, buvons toujours !...


arbre divin
32 Chansons à boire, éd.Grimaud



On retrouve ce texte dans Chansons nationales et populaires de France de Dumersan, édité en 1866.

Il est dû à Pierre Dupont, l'auteur des "Cent louis d'or". Toutefois dans les œuvres de Pierre Dupont, on trouve un couplet supplémentaire qui s'intercale entre les 2e et le 3e couplets ci-dessus:

J'aime ma vigne en vieux jaloux :
Gare à ceux qui font les yeux doux
Et qui voudraient caresser la belle.
Mon sel pince le maraudeur,
Mais ne touche pas au rôdeur,
Au sorcier noir qui fait la grêle :
Quand il s'empare d'un coteau,
C'est comme un loup dans un troupeau.

Une gravure illustre l'ouvrage ainsi qu'une partition qui nous permet de retrouver la mélodie  ; vu la difficulté de ce couplet, on comprend qu'il ait rapidement disparu.