1. Semeurs vaillants du rêve,
Du travail, du plaisir,
C'est pour nous que se lève
La moisson d'avenir;
Ami de la science,
Léger, insouciant,
Et fou d'indépendance
Tel est l'étudiant !
Frère, chante ton verre
Et chante ta gaîté,
La femme qui t'est chère
Et la Fraternité
A d'autres la sagesse,
Nous t'aimons, Vérité,
Mais la seule maîtresse,
Ah, c'est toi Liberté !
2. Aux rêves de notre âge,
Larges, ambitieux,
S'il était fait outrage
Gare à l'audacieux !
Si l'on osait prétendre
Y mettre le holà,
Liberté, pour défendre
Tes droits, nous serions là !
3. Une aurore nouvelle
Grandit à l'horizon;
La Science immortelle
Eclaire la Raison
Rome tremble et chancelle
Devant la Vérité;
Serrons-nous autour d'elle
Contre la papauté !
Dans l'esprit anarchiste qui régnait à l'époque, des incidents opposèrent en 1890 les étudiants aux autorités de l'Université, et notamment à Wittmeur, professeur, auteur de la Marche des étudiants.
Ceux-ci décidèrent d'abandonner ce chant et confièrent à George Garnir, qui devint par la suite rédacteur en chef du "Pourquoi pas ?", le soin de composer un nouvel hymne.
À une correction près ("À mettre le holà" corrigé en "Y mettre le holà"), c'est le texte original que nous reprenons ci-dessus.
Pour ceux qui ont un minimum de connaissances musicales, la version intégrale de l'article inédit de Robert Ledent vous est présentée.
Ci-dessous figure un résumé simplifié.
A titre historique, voici la partition originale publiée en Belgique par Schott. On remarquera que le 3e couplet en est absent.
Il existe une autre partition originale de la même époque publiée en Allemagne par J.P.Katto (éditeur qui semble avoir été moins censuré que Schott).
Les clichés des partitions sont identiques, mêmes gravures, mais la typographie est différente. C'est, ce qu'on appelait à l'époque, un "petit format". Ceux-ci paraissaient sur une simple feuille pliée en 2 et comportaient 4 pages : une première page de titre (fort joliment gravée), une page 4 consacrée à la publicité pour d'autres publications du même éditeur et les deux pages intérieures qui contenaient la partition proprement dite.
Hélas, l'espace est insuffisant pour accueillir la version musicale complète ; le graveur a repris le début avec la même mise en page et, par le manque de place, n'a repris que le premier refrain. Nous n'en voulons pour preuve que la mise en page qui passe brutalement de 4 mesures complètes à 6 mesures !
Heureusement, la typographie est différente ; le texte du troisème couplet est présent alors qu'il est absent (auto-censure ?) chez Schott.
Voici, pour les spécialistes, quelques remarques musicales tirées des notes de Robert Ledent.
Dans la partition originale, il y a 2 "refrains":
le premier (non signalé en tant que tel, en fait un interlude) qui commence au milieu de la page 2 et
le second, intitulé "Trio"(*) et dénommé "REFR" une mesure avant le milieu de la page 4 et comportant une reprise.
(*)Trio : ce n'est pas nécessairement une partie interprétée par 3 instruments; c'est également la partie centrale d'une pièce musicale. Il semble que le trio ne soit pas une coda mais simplement le refrain (comme indiqué sur la partition) de la partie centrale. On est en présence d'une œuvre de type ABA, A étant couplet suivi du 1er refrain et B couplet suivi du 2d refrain.
Les couplets sont en Mib, le 1er refrain en Sib et le 2e en Lab, tonalités normales pour une marche militaire habituellement jouée par des cuivres.
Le 1er refrain se termine sur un Sib qui est également la première note du couplet et on retrouve ainsi facilement la bonne tonalité.
Hélas, le texte n'est pas adapté à la musique. "Frère chante ton verre.." commence au temps levé et l'accent porte sur le "re" de Frère; l'accent tonique est donc mal placé (c'est du Francis Cabrel avant la lettre). Voila la raison pour laquelle il a été rapidement abandonné au profit du 2d refrain .
Toutefois la prosodie du 1er refrain est correcte pour la seconde moitié. On en est alors arrivé au refrain actuel un compromis qui combine la première partie du 2e refrain et remplace la reprise par la 2e partie du refrain 1.
Malheureusement comme le début est en Lab, l'enchainement se fait en démarrant le couplet sur un Lab ; cela explique la baisse d'un ton à chaque reprise du couplet.
Robert Ledent a évidemment conservé la nouvelle version du 2e refrain mais, afin de ne pas avoir de difficulté pour retrouver la tonalité du couplet, il a donc proposé de le transposer d'un ton en Sib, ce qui permet une transition aisée vers le couplet. Hélas, la tradition et la masse des étudiants étant tellement plus importantes que celle de la chorale, il semble que la "descente aux enfers" se perpétue.
A titre historique, voici l'intégralité de la version 1890 du Semeur (intro + couplet, 1er refrain, couplet, trio). On y ajoutera évidemment le 3e couplet avec ou sans refrain !
1. Nous sommes ceux qu'anime la folie
Et qui s'en vont, ivres de liberté.
Nous faisons guerre à la mélancolie
Ou la cachons sous des cris de gaieté.
Bourgeois sans feu, votre vie est banale ;
Les préjugés guident vos fronts tremblants
Chez nous, l'on a l'humeur paradoxale,
Le cœur léger et le gosier brûlant!
}
(bis)
2. Des vieux Gaulois, nous gardons la mémoire
En les chantant perchés sur nos tonneaux ;
Si le bourgeois veut nous payer à boire,
Nous le suivrons jusqu'au fond des caveaux.
Fraternité, tu nais entre les verres.
Amis, buvons à la fraternité !
Haro, haro sur les mines sévères
Pourquoi Bacchus n'est-il pas député ?
}
(bis)
3. Si nous avons souvent la bourse plate,
Nous possédons bien des cœurs de trottins
Car en amour, nous sommes des pirates
Braquant partout leurs regards libertins.
Souvent pourtant, nous devons en rabattre
De nos grands airs de riche Don Juan.
Dans les bouquins, nous allons nous ébattre
Pour oublier les suppôts de Satan.
}
(bis)
4. Quand nous serons, amis, de doctes sages
Nous sourirons doucement du passé
En regrettant malgré tout ce bel âge
D'enthousiasme à jamais effacé.
Alors, fumant dans nos vieilles bouffardes,
Nous redirons à mi-voix nos chansons
Elles étaient peut-être un peu gaillardes
Mais on hurlait si bien à l'unisson !
}
(bis)
Paul Vanderborght, docteur en philologie classique (1925)fut le moteur d'un mouvement littéraire dont la revue était intitulée La Lanterne sourde qui fusionnera plus tard avec Le disque vert. Dans les années 1920-30, ce mouvement regroupait la plupart des écrivains, musiciens, poètes belges et français.
Ci-contre : Texte autographe de Paul Vanderborght. Source : Jean-Paul Vanderborght.
Ci-dessus : Illustration par Bizuth dans les Fleurs du Mâle.
Le portrait de Paul Vanderborght qui figure sous le titre de la chanson est un fusain par le Professeur Sabry de 1932. Source : extrait de l'ouvrage Poésie éd. l'arbre à paroles - 2000.
Paroles: François Marie Arouet dit Voltaire
sur une musique d'Albanese
Arrangement : Xavier Hubaut
Extrait de Chansons nationales et populaires de France
1. Je cherche un petit bois touffu
Que vous portez Aminthe,
Qui couvr', s'il n'est pas tondu,
Un petit labyrinthe;
Tous les mois, on voit quelques fleurs
Colorer le rivage;
Laissez-moi verser quelques pleurs
Dans ce joli bocage
2. Allez, Monsieur, porter vos pleurs
Sur un autre rivage !
Vous pourriez bien gâter les fleurs
De mon joli bocage.
Car si vous versiez tout de bon,
Des pleurs comme les vôtres
Pourraient, dans une autre saison,
M'en faire verser d'autres.
3. Quoi ? Vous craignez l'événement
De l'amoureux mystère ?
Vous ne savez donc pas comment
On agit à Cythère ?
L'amour, modérant sa raison,
Dans cette aimable guerre,
Sait bien arroser le gazon
Sans imbiber la terre.
4. Je voudrais bien, mon cher amant,
Hasarder pour vous plaire;
Mais dans ce fortuné moment,
On ne se connaît guère.
L'amour maîtrisant vos désirs,
Vous ne seriez plus maître
De retrancher de nos plaisirs
Ce qui vous donna l'être.
Voltaire a écrit cette Gaillardise, également reprise dans la Gaudriole sous le titre de Polissonnerie, sur le timbre de Philis demande son portrait (n°449 de La clé du Caveau) du chanteur et compositeur d'origine italienne Albanèse (1729-1800).
D'après l'Anthologie de la chanson française de Marc Robine (1998)
On ne peut manquer de mentionner l'analogie du premier couplet avec celui d'une chanson de 1722 qui est reprise dans le tome 1 du Recueil des plus belles chansons publié en 1726 !
1. Je cherche un petit bois touffu
Que vous sçavez Climène,
Si on ne l'avait pas tondu,
Il borde une fontaine;
Qui jette une charmante odeur
Au bord de son rivage;
Je voudrais cueillir une fleur
Dans ce sombre bocage
2. Le Berger Tyrsis l'autre jour
Par neuf baisers de suite,
Cru avoir satisfait l'amour
De la jeune Hypolite :.
Elle qui trouvait mille appas
Dans ce plaisir extrême,
Lui dit, Berger, ne sçais-tu pas
Qu'on paye le dizième.
Il est mentionné qu'elle se chante sur l'air de : Mon cher Bachus, tout est perdu,&c.
1. À la Pentecôte,
Quand l'herbe est trop haute,
Moi je la coupe à la faux,
Ma femm' l'entasse au râteau
Et le curé la broute (bis)
Mais le grand vicaire
De santé précaire
N'a jamais pu la brouter (bis)
C'est ce qui l'emmerde (bis)
2. Quand se paralyse
La cloch' de l'église,
Moi, j' dis qu'il faut réfléchir,
Ma femm' dit qu'il faut agir,
Et le curé la branle (bis)
3. Chez nous sur nos crânes,
Foin de bonnets d'ânes.
Moi, je porte des képis,
Ma femm' porte des bibis,
Le curé des calottes (bis)
4. Quand sur notre place,
On vend de la glace
Moi, je dis: "J' veux pas transir",
Ma femm' dit: "J'veux pas grossir"
Et le curé la suce (bis)
5. Si par aventure
Arrive, une voiture,
Moi, je m'occup' du moteur,
Et ma femm' des visiteurs,
Et le curé des charges (bis)
6. S'il se présente une
Flaque inopportune,
Moi, j' l'évite en vieux lascar,
Ma femm' fait le grand écart,
Et le curé la saute (bis)
7. Quand il faut remettre
Du tulle aux fenêtres,
Moi, je porte les anneaux,
Ma femm' porte les rideaux,
Et le curé la tringle (bis)
8. Quand on rouvr' sans clause,
Une maison close
Moi je vais la contester,
Ma femm' va la visiter
Et le curé l'habite (bis)
9. Quand une mouche vole,
Tout le monde s'affole
Moi je dis quelle sal' bête,
Ma femme attrape une tapette
Et le curé l'encule (bis)
10. Si quelqu'un se blesse,
Vite et sans faiblesse
Moi je fais d' la thérapie,
Ma femm' fait de la charpie
Et le curé des bandes (bis)
11. L'évêqu' sent le fauve,
S'il vient l'on se sauve
Moi je vais prendre un peu l'air,
Ma femm' va s' faire lanlair
L' curé va se fair' foutre (bis)
12. On a comme tout l' monde,
Des fonctions immondes
Moi j'dis:"j'vais fair' mes besoins",
Ma femm' dit: "j'vais au p'tit coin"
Et le curé s' démerde (bis)
Une belle réécriture de ce classique par Georges Brassens.
Seuls les 7 premiers couplets ont été enregistrés par Les Charlots dans "Fesse en rut majeur" avec une mélodie originale.
La paternité des 5 autres couplets, et plus particulirement des deux derniers, reste à prouver.
1. Papa m'envoie quérir cent sous de mortadelle
Empochant la monnaie, moi je file au bordel
"Où vas-tu mon garçon de cette allur' fougueuse ?"
Me lance Grand'maman. "Je vais courir la gueuse"
2. "Il est inconvenant de fréquenter les putes
Tu m'en donn's la moitié, juste et tu me culbutes"
"Quoique j'atteigne hélas un âge canonique
A bien des jeun's, au pieu, je fais encor' la nique"
3. "D'abord ça te permet quelques économies
Et puis le patrimoin' sort pas de la famille"
J' tends mes deux francs cinquante à cette bonne vieille
Ce fut un' bonne affaire, elle baisait à merveille.
4. Le père à mon retour, me demande: "Où est-elle?"
Le bâfreur attendait son bout de mortadelle.
En voyant la portion que je mis sur la table
L'auteur d' mes jours poussa des cris épouvantables.
5. Il parlait de botter dans la région fessière
Cell' qui n'en pouvait mais, la gente saucissière.
Il ouvrit un museau de carpe suffocante
Quand il connut l'emploi des autr's deux francs cinquante.
6. "T'as baisé ma maman, petit énergumène."
"T'avais qu'à commencer par pas baiser la mienne."
Mon argumentation vous lui coupa la chique.
Les Français ne résistent pas à la logique.
7. Depuis, bibliquement, jusqu'à c' qu'ell' rende l'âme
Je connais ma grand'mère et baste à qui me blâme.
Quand la hausse des cours devient extravagante
Mémé bloque son prix: toujours deux francs cinquante.
8. Mais si mon père est pris d'un' fringal' de saucisse
Il va l'ach'ter lui-même, excellent exercice!
Du coup, j'ai plus d'argent, de peur que je n'en vole
Grand'mère m'accorde alors ses faveurs bénévoles.
9. Pour qu' la morale soit sauve et qu' la chanson finisse
Je baise grand'mère à l'œil, le bon dieu la bénisse!
Je baise grand'mère à l'œil, le bon dieu la bénisse!
Pour qu' la morale soit sauve et qu' la chanson finisse
Dans les années 1950-60 Brassens enregistre la version classique; en voici un bref passage extrait d'un nouvel album intitulé Il n'y a d'honnête que le bonheur.
Il semble qu'il n'ait jamais enregistré sa version personnelle. Toutefois, elle a été mise en musique et chantée par Jacques Muñoz dès 2001. Dans son album de 2007, Pierre Perret chante sa version personnelle du texte de Brassens et en voici le tout début.
1. Les chansons de salle de garde
Ont toujours été de mon goût,
Et je suis bien malheureux, car de
Nos jours on n'en crée plus beaucoup.
Pour ajouter au patrimoine
Folklorique des carabins, (bis)
J'en ai fait une, putain de moine,
Plaise à Dieu qu'ell'plaise aux copains.(bis)
2. Ancienne enfant d' Marie-salope
Mélanie, la bonne au curé,
Dedans ses trompes de Fallope,
S'introduit des cierges sacrés.
Des cierges de cire d'abeille
Plus onéreux, mais bien meilleurs, (bis)
Dame! la qualité se paye
A Saint-Sulpice, comme ailleurs. (bis)
3. Quand son bon maître lui dit : "Est-ce
Trop vous demander Mélanie,
De n'user, par délicatesse,
Que de cierges non encore bénits ?"
Du tac au tac, elle réplique
Moi, je préfère qu'ils le soient, (bis)
Car je suis bonne catholique
Elle a raison, ça va de soi. (bis)
4. Elle vous emprunte un cierge à Pâques
Vous le rend à la Trinité.
Non, non, non, ne me dites pas que
C'est normal de tant le garder.
Aux obsèques d'un con célèbre,
Sur la bière, ayant aperçu, (bis)
Un merveilleux cierge funèbre,
Elle partit à cheval dessus. (bis)
5. Son mari, pris dans la tempête
La Paimpolaise était en train
De vouer, c'était pas si bête,
Un cierge au patron des marins.
Ce pieux flambeau qui vacille
Mélanie se l'est octroyé, (bis)
Alors le saint, cet imbécile,
Laissa le marin se noyer. (bis)
6. Les bons fidèles qui désirent
Garder pour eux, sur le chemin
Des processions, leur bout de cire
Doiv'nt le tenir à quatre mains,
Car quand elle s'en mêl', sainte vierge,
Elle cause un désastre, un malheur. (bis)
La Saint-Barthélemy des cierges,
C'est le jour de la Chandeleur. (bis)
7. Souvent quand elle les abandonne,
Les cierges sont périmés;
La saint' famill' nous le pardonne
Plus moyen de les rallumer.
Comme ell' remue, comme elle se cabre,
Comme elle fait des soubresauts, (bis)
En retournant au candélabre,
Ils sont souvent en p'tits morceaux. (bis)
8. Et comme elle n'est pas de glace,
Parfois quand elle les restitue
Et qu'on veut les remettre en place,
Ils sont complètement fondus.
Et comme en outre elle n'est pas franche,
Il arrive neuf fois sur dix (bis)
Qu'sur un chandelier à sept branches
Elle n'en rapporte que six. (bis)
9. Mélanie à l'heure dernière
A peu de chances d'être élue;
Aux culs bénits de cett' manière
Aucune espèce de salut.
Aussi, chrétiens, mes très chers frères,
C'est notre devoir, il est temps, (bis)
De nous employer à soustraire
Cette âme aux griffes de Satan. (bis)
10. Et je propose qu'on achète
Un cierge abondamment béni
Qu'on fera brûler en cachette
En cachette de Mélanie.
En cachette car cette salope
Serait fichue d'se l'enfoncer (bis)
Dedans ses trompes de Fallope,
Et tout s'rait à recommencer. (bis)
C'est la cuite finale
Saoûlons-nous car demain (bis)
Les eaux minérales
Remplaceront le vin.
1. Debout, les soiffards de la terre!
Sortons les chopes en étain,
Le vide agite nos viscères,
Eructons et faisons le plein.
Du passé, faisons table rase ;
Foule esclave, debout, debout!
Le monde va changer d'extase
Nous ne sommes rien, buvons tout.
2. Il n'est point de sauveur suprême,
Ni dieu, ni César, ni tribun;
Avaleurs, sauvons-nous nous-mêmes,
Décrétons la soif en commun.
Pour que le feu quitte nos gorges
Du manque, écartons le fléau,
Que Saint-Tempérance égorge
Les imbéciles buveurs d'eau.
3. Hideux dans leur apothéose,
Les rois de Contrex et de Spa;
Ont-ils jamais fait autre chose,
Que dévaliser les gagas?
Dans les coffres-forts de leur banque
L'argent du curiste a fondu;
En tonneaux de vin qu'on leur rende
Au peuple réclamant son dû.
4. L'état comprime et la loi triche,
L'impôt saigne le bon buveur;
Douanes et Assises confisquent
Le droit de boire est imposteur.
C'est assez languir en tutelle,
Félicité veut d'autres lois;
Pas de droits sans devoirs, dit-elle,
Nous tiendrons nos pots pleins et droits.
5. Jeunes et vieux, femmes et hommes,
De la treille consommateurs;
Nous chantons que la vigne, en somme,
N'est pas faite pour le seigneur.
Car bien sur nos joies se repaissent
Pour que le fisc et ses corbeaux
Un de ces matins disparaissent,
Conjurons-nous dans le Bordeaux.
Ernest Glinne, ancien président du groupe socialiste au Parlement européen, ancien bourgmestre et conseiller communal (Ecolo) de Courcelles, est né à Forchies-la-Marche le 30 mars 1931 et décédé à Coucelles le 10 août 2009.
Indépendant, ce qu'il avait toujours été face au lourd « appareil » social-démocrate, au sectarisme comme à l'opportunisme, c'est peut-être le dernier véritable socialiste belge qui s'en est allé. Le faire-part du 14 août, sous-titrant son nom de la mention bien connue "Ernest le rebelle", s'ouvrait sur deux pensées, l'une de Jean Jaurès, l'autre de Rosa Luxembourg. (Parfaite synthèse de la pensée socialiste actualisée...).
Il a été député socialiste à de nombreuses reprises entre 1961 et 1984. Elu de l'arrondissement de Charleroi, il a aussi été bourgmestre de Courcelles et ministre de l'Emploi et du Travail de 1973 à 1974. Il a raté de peu la présidence du PS lorsqu'il s'est présenté en 1981.
Déçu de la politique menée par les socialistes belges, il a pris ses distances du PS et s'est rapproché d'Ecolo. En 2000, il est devenu conseiller communal écologiste à Courcelles. Toujours fidèle à ses convictions, il s'est logiquement éloigné du parti Ecolo en 2009.
Fédéraliste, mais non wallingant, il fut encore de ceux qui, longtemps, ne se résignèrent pas à l'affrontement communautaire des socialistes du nord et du sud du pays. Les réformes institutionnelles l'avaient déçu. Et il y a quelque dérision dans le fait que cet internationaliste avait fini par conclure que la Belgique était sans avenir...
D'après l'article de Robert Falony: Ernest Glinne, socialiste authentique...