Le curé Pinot - Le vieux curé de Paris


voir la version de Colette Renard
et une version canadienne
Harmonisation : Francis St Hubert 
Voir la partition

1. Je m'en vais vous conter l'histoire
De Pinot curé d' chez nous.
Pinot cu- papa
Pinot cu- maman
Pinot curé de chez nous

2. Monsieur l' curé a des plat's-bandes
Il en cultive les fleurs
Il en cul- papa
Il en cul- maman
Il en cultive des fleurs

3. Monsieur l' curé a des calottes
Des calott's de velours noir
Des calot- papa
Des calot- maman
Des calott's de velours noir

4. Monsieur l' curé un' fontaine
Au bord d'elle, il va s'asseoir.
Au bord d'el- papa
Au bord d'el- maman
Au bord d'elle il va s'asseoir

5. Monsieur l' curé, il monte en chaire
Son grand vicaire le suit
Son grand vi- papa
Son grand vi- maman
Son grand vicaire le suit
6. Monsieur l' curé a un carrosse
Ses roues pèt'nt sur le pavé.
Ses roues pèt- papa
Ses roues pèt- maman
Ses roues pèt'nt sur le pavé

7. Monsieur l' curé dit au vicaire
Sortons observer l' couchant
Sortons ob- papa
Sortons ob- maman
Sortons observer l' couchant




Nous n'avons pas pu identifier ce bon curé.

Il y eut:

100 chants

Cette chanson doit être fort ancienne, en tous cas antérieure à la Révolution française.
On la retrouve dans le manuscrit dit "Berssous", rédigé à la fin du XVIIIème siècle. Elle est intitulée Si près d'un bois.

Hélas les 7 premiers couplets ont disparus - page délicatement arrachée - et les deux derniers ont été biffés  et ne sont que partiellement lisibles:

8. C'était sous l'habit champêtre
Un gros villageois étranger
Un gros vi hi hi, un gros vi hi hi
Un gros villageois étranger.

9. Chers amis de la table ronde
... tous le ........, à la main
Prends tout, prends tout
................, à la main.

Dans l'Anthologie hospitalière et latinesque, on nous conte l'histoire du Curé de notre village:

Le curé de notre village
Est un vigilant pasteur.
} (bis)
Est un vi...tra la la la (bis)
Est un vigilant pasteur.

Il habit' près de la rivière
Au bord d'elle, il se plait bien.
} (bis)
Au bord d'elle...tra la la la (bis)
Au bord d'elle, il se plait bien.

Il pratique la botanique
Il en connaît les douceurs.
} (bis)
Il en conn'...tra la la la (bis)
Il en connaît les douceurs.

Il plant' des pomm's de terre
Il en cultiv' les fleurs.
} (bis)
Il en cul'...tra la la la (bis)
Il en cultiv' les fleurs.

Lorsqu'il mont' dans sa voiture
Ses roues pêtent sur le pavé.
} (bis)
Ses roues pêtent...tra la la la (bis)
Ses roues pêtent sur le pavé.

En Belgique et plus précisément en Wallonie, Kryptadia (VIII) a relevé les aventures du notre fameux curé.
Mentionnons les couplets différents:

Chaque fois qu'il dit sa messe,
Tire un coupable de l'enfer,
Tire un coup, oui, oui,
Tire un coup, la, la,
Tire un coupable de l'enfer.

Il répète à ses ouailles:
Vite à mon confessional.
Vite au con, oui, oui.
Vite au con, la, la,
Vite au confessionnal.

Il pratique la politesse,
Il entend ce qu'on lui dit :
A son vit, oui, oui.
A son vit, la, la,
A son vicaire il répond.

Au Québec, on retrouve la chanson sous le titre Les cultivateurs du village

On trouve également aux Etats-Unis, chez les amateurs de chansons françaises, l'histoire du curé de St Ferdinand ! Nous reproduisons ci-après le premier couplet ainsi qu'un couplet qui n'apparaît pas en France.

Ecoutez l'histoire de ce bon vieux pineau
Pineau cu ... ré de St. Ferdinand

Monsieur le curé aime aussi les Anglaises
Pour leurs sin ... gularités charmantes

D'après The Mudcat Café, Chansons de la France.







Le vieux curé de Paris

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1. Je vais vous conter l'histoire
D'un vieux curé de Paris
}(bis)
D'un vieux cu, oui oui
D'un vieux cu, la la
D'un vieux curé de Paris
}(bis)

2. Chaque fois qu'il dit sa messe
Son grand vicaire le suit
}(bis)
Son grand vi, oui oui
Son grand vi, la la
Son grand vicaire le suit
}(bis)

3. Chaque fois qu'il monte en chaire
Tire un coupable d'enfer
Tire un cou, oui oui
Tire un cou, la la
Tire un coupable d'enfer

4. Il aime une jeune bergère
Pour son troupeau de moutons
Pour son trou, oui oui
Pour son trou, la la
Pour son troupeau de moutons

5. Il aime sa cuisinière
Pour ses festins de Gargantua
Pour ses fess, oui oui
Pour ses fess, la la
Pour ses festins de Gargantua

6. Il possède une rivière
Au bord d'elle il se complaît
Au bord d'elle, oui oui
Au bord d'elle, la la
Au bord d'elle il se complaît

7. Il aime la botanique
Il en cultive les fleurs
Il en cul, oui oui
Il en cul, la la
Il en cultive les fleurs

8. Le héros de cette histoire
Est Pinaud, curé de Paris
Pinaud cu, oui oui
Pinaud cu, la la
Pinaud curé de Paris




Très curieusement, Colette Renard chante cette chanson sur l'air de Chevaliers de la table ronde !




Le vieux curé de Paris

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1. Je vais vous conter l'histoire
Du bon curé de Paris
Du bon cu- oui oui
Du bon cu- la la
Du bon curé de Paris.

2. En traversant la rivière
Il a manqué se noyer
Sans moi le cu- oui oui
Sans moi le cu- la la
Sans moi le curé serait noyé.

3. Il aime une paysanne
Il la fournit en habit
Il la four- oui oui
Il la four- la la
Il la fournit en habit.

4. Il confess' les filles de joie
Qui on mal occupé leurs vie
Mal occu- oui oui
Mal occu- la la
Qui on mal occupé leurs vie.

5. Quand garçon apport' l'encens
Il le suspend à l'autel
Il le sus- oui oui
Il le sus- la la
Il le suspend à l'autel.




Ci-dessus, nous ne donnons, à l'exception du premier, quelques couplets supplémentaires qui nous ont été signalé par une aimable correspondante canadienne.
Cette chanson est notamment chantée par Fred, dit Du Lac, dans l'auberge du Dragon Rouge (Montréal), où se produisent régulièrement des groupes musicaux folkloriques.







Le grand vicaire


Texte écrit par Georges Brassens

Arrangement : Xavier Hubaut 
Voir la partition

1. Chez nous la musique
Est fort en pratique
Moi je fais d' l'accordéon
Et ma femm' du violon
Et le curé la viole (bis)


Mais le grand vicaire
Toujours par derrière
N'a jamais pu la violer (bis)
Et c'est ce qui l'emmerde (bis)


2. Chez nous la rivière
Est fort passagère:
Moi, j' la passe à l'aviron,
Et ma femme sur le pont,
Et le curé la saute (bis)

3. Chez nous, la méd'cine
A fort bonne mine;
Moi, j' m'occup' de la charpie,
Et ma femm' des bistouris,
Et le curé des bandes (bis)

4. Chez nous, les voyages
Sont fort en usage;
Moi j'ai visité l'Asie
Et ma femme la Russie
Et le curé la Perse (bis)

5. Chez nous, la culture
Est fort en usure:
Moi j' m'occup' de la moisson,
Et ma femm' d' la fenaison
Et le curé laboure (bis)

6. Chez nous, la pendule
Avance et recule:
Moi j' m'occup' du balancier
Et ma femme du boîtier,
Et le curé la monte (bis)

7. Chez nous les costumes
Sont dans la coutume;
Moi, j' m'occup' des pantalons
Et ma femme des vestons
Et le curé l'enfile (bis)

8. Chez nous la coiffure
Fait bonne figure;
Moi, j' port' des chapeaux melons
Ma femme des chapeaux ronds
Le curé des calottes (bis)

9. Chez nous la charrette
D'vant chez nous s'arrête;
Moi, j' dételle les mulets,
Ma femm' défait les paquets,
Et le curé décharge (bis)

10. Chez nous les breuvages
Sont fort en usage;
Moi, j' prends un diabolo
Et ma femme du Cointreau
Et le curé la Suze (bis)

11. Chez nous, la vaisselle
Est blanche et fort belle;
Moi j' récure la soupière
Et ma femme la cuillère
Et le curé l'astique (bis)

12. Chez nous, l' tricotage
Est fort en usage;
J' tonds la lain' des mérinos
Ma femm' fait des écheveaux
Et le curé la p'lote (bis)

13. Chez nous les tentures
S'accroch'nt sur mesure;
Moi, j' m'occupe des anneaux
Et ma femme des rideaux
Et le curé d' la tringle (bis)

14. Chez nous, la lecture
Est fort en usure;
Moi, je lis Victor Hugo
Et ma femme Marivaux,
L' curé La Condamine (bis)




Dans Le panier aux ordures de 1866, elle figure sous le titre: Le curé privilégié et comporte 6 couplets que nous reproduisons ci-après:

1. Chez nous la musique
Est fort en pratique
Moi, je connais le violon
Ma femm' le cornet à piston
Et le curé la viole (bis)

2. Chez nous, les voyages
Sont fort en usage;
Moi, je connais le Missouri
Ma femme le Mississsipi,
Et le curé la Perse (bis)

3. Chez nous, quand il gèle,
Chez nous, quand il gèle,
Moi, je vais en traineau;
Ma femme porte le vin chaud,
Et le curé patine. (bis)

4. Quand j' vais à ma terre,
Quand j' vais à ma terre,
Moi, je travaille à la pelle;
Ma femme tire la ficelle,
Et le curé la pelotte. (bis)

5. Quand j' vais à la messe,
Quand j' vais à la messe,
Moi, je chante à haute voix;
Ma femme porte la croix,
Et l'curé la baise. (bis)

6. Quand par aventure
Arrive une voiture,
Moi, je détèle les bidets;
Ma femme porte les paquets,
Et le curé décharge. (bis)

On remarquera qu'il n'y a pas (encore) de refrain.
De plus, il manque le deuxième vers dans les couplets 3 à 5 où l'on se borne à bisser le premier vers.

En 1911, nous retrouvons Le curé et son vicaire dans l'Anthologie hospitalière et latinesque. Si le texte n'a guère changé, l'ordre des couplets est très différent; elle commence par le couplet 8 suivi de:

Chez nous la rivière
Est limpide et claire.
Moi, j' retrouss' mon pantalon,
Ma femme retrouss' son jupon,
Et le curé la saute...

Viennent ensuite: le couplet 1 (où la femme joue du piston au lieu du violon !) suivi des couplets 9, 3 et 14 (et Jean-Jacques Rousseau remplace Victor Hugo).

Comme dans beaucoup de chansons de ce type, de nombreux autres couplets sont venus s'ajouter.

En 1985, dans une de ses dernières chansons, Le légion d'honneur, Georges Brassens écrit:

Et maintenant qu'il porte cette croix,
Proférer : "Merde", il n'en a plus le droit.
Car ça la fout mal de mettre à ses lèvres
De grand commandeur des termes trop bas,
D' chanter l' grand vicaire et les trois orfèvres.
La légion d'honneur ça pardonne pas.







Si j' t'encule


voir la version canadienne
Arrangement : Xavier Hubaut 

1. Entrant dans une église,
On ne voit d'abord rien
Qu'un vieux cochon de moine
Qui s' masturb' dans un coin

Si j' t'encule, cule, cule
Si j' t'encul' c'est pour ton bien!
Si j' te baise, baise, baise
Si j' te bais' c'est pour le mien!


2. Qu'un vieux cochon de moine
Qui s' masturb' dans un coin
Qui confesse les nonnes
Avec la pine en main!

3. ...Il dit à la plus jeune
Tu reviendras demain,

4. ...Je te ferai voir l'herbe
Qui pousse dans ma main

5. ...Qui fait grossir le ventre
Et arrondir les seins,

6. ...Et nous ferons ensemble
Un joli capucin.

7. ...Aux couilles tricolores
Aux poils du cul châtains.

8. ...Il ira au bordel(e)
Confesser les putains.

9. ...Il aura la vérole
Son père l'avait bien!




À remarquer la similitude harmonique avec Les fraises et les framboises; les deux peuvent se chanter simultanément.




Les femmes des maris aux vignes

retour à la version européenne
Arrangement : Xavier Hubaut 

1. J' rentre dans un' église
Là où il n'y avait rien (bis)
J'ai aperçu plus loin
Yoyo Yoyo
Un p'tit moine dans un coin
Et puis tiens! tiens! tiens!


Demain je m'en va's
Su' Madame lon-la
Puis lundi je reviens (bis)


2. J'ai aperçu plus loin
Un p'tit moine dans un coin (bis)
Qui confessait trois femmes
Yoyo Yoyo
Et le verre à la main
Sur la rin! tin! tin!

3. ...Commence par la plus jeune
Yoyo Yoyo
Parce qu'elle restait plus loin
Et puis tien! tiens! tiens!

4. ...Et il dit aux deux autres
Yoyo Yoyo
Vous reviendrez demain
Et puis tiens! tiens! tiens!

5. ...Demain à la même heure
Yoyo Yoyo
Ou un peu plus le matin
Et puis tiens! tiens! tiens!

6. ...Nous irons aux noisettes
Yoyo Yoyo
Et nous boirons du vin
Et puis tiens! tiens! tiens!




Connue également sous le titre de "Yoyo", les Québecois, friands de chansons "à répondre", chantent une pièce ayant la même structure que "Si j' t'encule".

Elle présente quelque analogie tout en étant moins "hard". C'est la narration toute simple des loisirs religieux de femmes dont les maris travaillent dans les vignobles...







Le curé du Vésinet

Paroles: Achille Caron
air: Quand un tendron vient en ces lieux


Arrangement : Xavier Hubaut 

Refrain:

Oh! oh! oh! oh! ah! ah! ah! ah!
Quel galant curé c'était là,
La, la!


1. Il était un curé charmant
Qu'adoraient ses ouailles;
Il les traitait fort galamment,
Sans peur des représailles;
De l'Eglise ce gros bonnet,
Plein d'onction, au Vésinet
Trônait.

2. L'histoire conte qu'il avait
Peu cure de la sienne
Mais que la nuit il y venait
Plus d'une paroissienne;
Aimant fort les jolis minois,
Il n'était le fin matois,
De bois.

3. On dit qu'entre ses Te Deum
Même ce bon évêque
In partibus fidelium
Travaillait à la grecque,
Et que des filles aux garçons,
Il savait passer sans façons,
Passons!

4. Aux femmes de bonnes maisons,
Comme il avait su plaire,
Les gamins avaient cent raisons
De le nommer leur père;
Dans ses faveurs et son amour,
Chacun avait chacun son tour,
Son jour.

5. Grâce à son amour du prochain,
Qui n'avait pas de bornes,
Tout le pays fut bientôt plein
Pleins de bêtes à cornes:
Il eut bien soin, ce beau grison,
D'en mettre une au moins par maison,
Zon, zon.

6. Non, je ne parviendrai jamais,
Mieux vaut que j'y renonce,
A compter tous les cocus faits
Par Monseigneur Alphonse:
Il allait, vrai coq du canton,
De Célimène à Margoton,
Dit-on.

7. Mais ce n'est pas un fait nouveau
Que tout passe et tout lasse
Et qu'à force d'aller à l'eau,
Toute cruche se casse;
Et le voilà, pour le moment,
A l'ombre avec son instrument
Charmant.

8. Plus d'un a, dit-on, plaint le cu-
Ré de son aventure,
Et même est encor' convaincu
Que c'est une imposture;
Mais plus d'une, aux tendres appas,
Le regrette, n'en doutez pas,
Tout bas!




L'origine de cette chanson, qui n'est d'ailleurs plus guère chantée, est généralement oubliée. En fait, elle relate l'histoire de (Jean-Baptiste) Léon Maret, premier curé de la paroisse du Vésinet (commune des Yvelines près de Paris), né en 1831 à Billion, Puy de Dôme.
Cet ecclésiastique ne doit pas être confondu, comme dans la chanson, avec Henri Louis Charles Maret, prélat et théologien qui avait le titre de Monseigneur en tant que camérier du pape.

En 1879, le journal "Le XIXe siècle" annonce que "M. Maret, curé du Vésinet, a été arrêté et conduit sous bonne escorte à la prison de Versailles. Il est inculpé d'attentat aux moeurs sur la personne d'une petite fille de douze ans". Il reconnait très rapidement les faits, tant pour la fillette que pour d'autres enfants. Au procès, le jury admet des circonstances atténuantes (?) et il est condamné à dix ans de réclusion.
En juillet 1888, "Le Figaro", qui avait totalement occulté l'affaire en 1879, tant au moment de l'arrestation qu'à celui du procès, publie un article dans lequel il annonce la libération du vicaire de ** ("pour l'honneur du clergé de France, nous n'imprimerons pas le nom du prêtre coupable qui est l'objet de cette notice") qui tout au long de sa captivité avait adopté une attitude hautaine, refusant de descendre pour travailler aux ateliers de la prison. Il refusa une grâce pleine et entière (!!) qu'on lui proposait à la condition de quitter la France et de renoncer à porter l'habit ecclésiastique. Après sept ans de prison il fut libéré, reprit sa soutane et ne quitta jamais la France.
Une petite anecdote: cet article du Figaro est vraisemblablement publié suite à un entrefilet paru en juillet 1888 dans le premier numéro de la "Gazette du Vésinet". Cet article révèle qu'un des vitraux de l'église Sainte Marguerite, réalisé en 1868, fut modifié en 1880. Ce vitrail représentait Saint Léon (pape du VIe siècle) mais le visage jeune du personnage évoquait plus surement le jeune curé Léon Maret qu'un pontife d'âge mûr. On ajouta au vitrail les armes du pape Léon XIII; il pouvait ainsi apparaître dédié à ce pape.

D'après Le Vésinet en long, en large & en travers,
Le crime de l'Abbé Maret et
Le Figaro, 25 juillet 1888

On dit souvent que l'air qui a servi de support à cette chanson est celui d'une chanson de Béranger intitulée Le roi d'Yvetot et dirigée contre la dictature napoléonienne. Il y raconte l'histoire d'un souverain couronné par Jeanneton (et non par le pape) qui n'agrandit point ses états et fut un voisin commode (allusion aux conquêtes de l'empereur).

À titre documentaire, voici le texte de cette chanson de Béranger, Le roi d'Yvetot qui eut un gros succès politique.

En réalité, la chanson de Béranger a été composée sur un air de vaudeville plus ancien et maintenant tombé dans l'oubli, intitulé Quand un tendron vient en ces lieux dont l'auteur nous est inconnu.







Le moine pleurant


1. À la porte d'un couvent,
Il y avait un moine
} (bis)
Ah! dit la soeur du couvent,
Qu'as-tu moine? (bis)
Ah! dit la soeur du couvent,
Qu'as-tu moine à pleurer tant?
Qu'as-tu moine à pleurer, qu'as-tu à pleurer(bis)

2. C'est que j' voudrais bien entrer,
Mais ma soeur, je n'ose
} (bis)
Ah! dit la soeur du couvent
Entre moine! (bis)
Ah! dit la soeur du couvent,
Entre moine, et n' pleur' pas tant!
Quand le moine fut entré, il pleurait encore, (bis)

3. C'est que j'voudrais bien m'asseoir,
Mais ma soeur, je n'ose
} (bis)
Ah! dit la soeur du couvent
Sieds-toi, moine (bis)
Ah! dit la soeur du couvent
Sieds-toi moine, et n' pleur' pas tant
Quand le moine fut assis, il pleurait encore (bis)

4. C'est que j' voudrais bien manger,
Mais ma soeur, je n'ose
} (bis)
Ah! dit la soeur du couvent
Mange moine (bis)
Ah! dit la soeur du couvent
Mange moine, et n' pleur' pas tant
Quand le moine eut bien mangé, il pleurait encore (bis)

5. Je voudrais bien me coucher,
Mais ma soeur, je n'ose
} (bis)
Ah! dit la soeur du couvent
Couch'-toi moine (bis)
Ah! dit la soeur du couvent
Couch'-toi moine et n' pleur' pas tant
Quand le moine fut couché, il pleurait encore (bis)

6. Je voudrais bien vous baiser,
Mais ma soeur, je n'ose,
} (bis)
Ah! dit la soeur du couvent
Bais'-moi moine (bis)
Ah! dit la soeur du couvent
Bais'-moi moine et n' pleur' pas tant
Quand le moine l'eut baisé, il pleurait encore (bis)

7. Je voudrais recommencer,
Mais ma soeur je n'ose
} (bis)
Ah! dit la soeur du couvent
Va au claque (bis)
Ah! dit la soeur du couvent
Va au claque et fous-moi l'camp
Fous-moi l' camp, tu pues des pieds
Cochon d' moine (bis)
Et tu n' sais mêm' pas baiser
Je préfère me gouiner
(Le choeur: Elle préfère se gouiner)



Cette chanson se retrouve dans l'Anthologie hospitalière et latinesque sous le titre La femme du sergent et commence par "A la porte d'un sergent, il y avait un moine". Qu'est-ce qu'un sergent ? Nous avons vainement consulté tous les dictionnaires auxquels nous avions accès pour trouver le sens de cette phrase. Si le mot "sergent" désigne divers type de militaires ou d'officier de justice, cela reste toujours un homme ! Il y a probablement un raccourci audacieux et il s'agit vraisemblablement de la porte de la demeure d'un sergent.
Pour le reste, l'histoire qui y est racontée est quasi la même. Le sergent et sa femme ont été respectivement remplacés par un couvent et la soeur (portière !).

La chanson est bien longue et se déroule tout au long de ses 14 couplets; en fait chacun de nos couplets actuels était dédoublé. Limitons-nous à un exemple qui montrera comme était la structure de la chanson; le couplet 3 correspond au long texte ci-dessous :

Je voudrais bien m'asseoir, Madame,
Mais je n'ose
} (bis)
"Ah ! dit la femme du sergent
Sieds-toi, moine"
"Ah ! dit la femme du sergent
Sieds-toi, moine,
Et n' trembl' pas tant"

Quand le moine fut assis
Il tremblait encore.
} (bis)
"Ah ! dit la femme du sergent
Qu'as-tu moine" (bis)
"Ah ! dit la femme du sergent
Qu'as-tu, moine,
A trembler tant"

Chaque paire de couplets a ainsi été condensée vraisemblablement pour éviter la monotonie. Remarquons au passage qu'à l'époque, le moine tremblait; à présent il pleure !
Seule, la fin de la chanson était différente. Elle se terminait par:

Je voudrais r'commencer, Madame,
Mais je n'ose
} (bis)
"Ah ! dit la femme du sergent
R'commenc', moine" (bis)
"Ah ! dit la femme du sergent
R'commenc', moine,
Et fous-moi l'camp.