Le fusil

air : Te souviens-tu ?


Arrangement : Xavier Hubaut 

1. J'avais quinze ans et la passion des armes,
Un beau fusil tout neuf et tout luisant
J'aurais voulu connaître les alarmes
Et les combats de tout soldat vaillant
Mon père était de la garde civique,
Pour son adresse, on l'admirait beaucoup:
Ah! mes amis, Ah! quel plaisir unique
Quand je voyais papa tirer son coup.
} (bis)

2. Un beau matin, je lui dis: "Petit père,
J'ai mes quinze ans et j' voudrais essayer
Le beau fusil que seul avec ma mère
Tu mis neuf mois à pouvoir m' fabriquer"
Il m' répondit d'une voix marti-ale;
"Ta noble ardeur me réjou-it beaucoup
Tiens, mon enfant, voilà toujours cinq balles,
Va-t-en mon fils, va-t-en tirer ton coup!"
} (bis)

3. En ce temps-là, vint un tir à la mode
Qui s'établit, je crois, rue du Persil,
Vit' je courus vers cet endroit commode
Pour essayer mon excellent fusil
Les cibl's étaient toutes blanches et roses,
Mon beau fusil se leva tout à coup,
Ah! mes amis, que c'est bon l' premier coup
Je déchargeai et je fis une rose.
} (bis)

4. En peu de temps, ma renommée fut grande
De nobles dam's se disputaient l'honneur
De chatouiller avec leurs mains fringantes
Le beau fusil d'un si parfait chasseur;
Toutes les nuits, j'étais à l'exercice,
Ma cartouchièr' n'était jamais à bout
Mais maintenant, j'use d'un artifice
Je ne peux plus par nuit tirer qu'un coup.
} (bis)

5. Et maintenant l' beau fusil, qui naguère
A d' si hauts faits si souvent abusé,
Repose en paix au musée de la guerre
Où il surmont' deux vieux boulets usés
Il a connu tant de chaudes alarmes
Et tant de combats livrés coup sur coup
Quand, par hasard, il laiss' couler un' larme,
C'est par regret de n' plus tirer son coup.
} (bis)



La chanson est clairement d'origine belge: les références à la "garde civique" et à la "rue du Persil" sont là pour le confirmer.

Elle se chante, dit-on, sur l'air de Lolotte, chanson écrite par Jacques Bertrand et passée dans le folklore de Charleroi.
"Il l'aurait écrite sur un air autrichien datant du Congrès de Vienne - dont Schubert s'est largement inspiré dans son "Lindenbaum" (le tilleul), extrait du "Voyage d'Hiver" - et qui sert également de musique au "Pantalon trawé" de Liège & "Lès Chambourlètes" de Mons." Mais en ce qui concerne Der Lindenbaum de Schubert, cela nous paraît douteux car on n'y trouve qu'une légère similitude entre les deux premières phrases musicales.

Il est pourtant curieux de voir plusieurs chansons qui viennent de France et qui sont chantées sur ce même air, notamment L'ancien étudiant et T'en souviens-tu ?

En fait, l'air de Lolotte est pratiquement identique à celui de Souvenirs d'un vieux militaire dont les paroles datent de 1817 et sont dues à Emile Debraux. On retrouve ce chant dans Chants et chansons populaires de la France vol.1 fasc.9 publié en 1858.

Te souviens-tu ? est extrait d'un vaudeville en deux actes dû à Joseph-Denis Doche, dit Doche père, né à Paris en 1766, décédé à Soissons en 1825.
Voici un MP3, extrait d'un arrangement très romantique dû au pianiste Erling Jan Sørensen .

Il est évident que Te souviens-tu ? est l'air de base sur lequel ces chansons venues de France ont été écrites.
Reste le problème d'antériorité. Pour Doche, il est facile à préciser: le vaudeville Les deux Edmond date de 1811. Quand à Lolotte, Jacques Bertrand est né en ... 1817; mais la référence à Lolotte, ci-dessous reste tellement plus simple pour les Wallons !

1. Sul bôrd dè Sambe, et pierdu dins l' fumêre,
Wèyèz Couyèt avè s' clotchî crawieus ?
C' est la k' dèmeure èm matante Dorotéye,
Veuve d' èm mononke Andriyin du Crosteu
A s' neuve mêzo, nos avans fêt ribote,
Lundi passè, tout è pindant l' crama.
Poul prumi côp, c' est la k' dj' é vû Lolote.
Rén k' d' î pinser, sintèz come èm keur bat.

2. Gn avèt drola les pus guéy du vilâdje.
En fét d' couméres, on n' avèt k' a tchwèzi.
On a rcinè, a l' ombe, padzou l' fouyâdje,
Dèvant l' mêzo, dèlé l' gros cèriji.
Em boune matante a del biêre è bouteye,
Ç' n' est nin l' fârô k' est jamés si bon k' ça.
Dins s' chike, Lolote estèt si bén vermèye,
Rén d' î pinser, sintèz come èm keur bat.

3. I dalèt mieus, les panses estant rimpliyes
Djan l' Blanchisseu tinguèle es viyolon
Et dit: " Mz èfants, nos avons ci des fiyes
Ki n' dimandnut k' a danser l' rigodon.."
A ! ké pléji ! Kè Lolote ét continne !
Après l' cadriye, on boute ene mazurka
Djè triyanè è pressant s' mwin dins l' minne.
Rén k' d' î pinser, sintèz come èm keur bat.

4. Vla l' swêr vènu, pou danser chakin s' presse.
El violoneu raclèt avû ardeur
L' biêre et l' amour èm fèyint toûrner l' tiesse.
Vingt noms di chnik ! djè nadjè dins l' bouneur.
Mins l' pa Lolote, è wèyant k' èle m' imbrasse,
D' in côp d' chabot m' fét plondji dins l' puria.
L' coumére s' inkeurt, eyet mi, dj' èm ramasse.
Ciel ! ké côp d' pî ! Sintèz come èm keur bat.

5. Dj' èm souvénrè du crama d' èm matante.
Dj' crwè k' dj' é l' cripet cåssè ou bin dèsmi.
Djè prind des bins al vapeur d' êwe boulante,
Grignant les dints tous les côps kè dj' m' achîd.
Mès cand dj' dèvrè skèter 'm dérinne culote,
E m' impwègnant avè s' mame eyet s' pa,
Putot mori ki d' viki sin Lolote.
Rén k' d' î pinser, sintèz come èm keur bat.

(les deux derniers vers de chaque couplet sont bissés)

L'air de Lolotte a également servi de support au chant des étudiants de la Faculté des Sciences Agronomiques de Gembloux ; en voici les paroles (ici encore les deux derniers vers de chaque couplet sont bissés):

1. (Tous)
Allons amis, il faut plier bagage,
Laisser ici professeurs et bouquins
La liberté ce fut notre apanage
Célébrons-la en de joyeux refrains
Célébrons-la et que demain encore
Retentissent les refrains les plus doux,
Puisque demain, au lever de l'aurore,
Il faut quitter ces vieux murs de Gembloux.

2. (Génie Rural)
Nous sortons tous très fort en mécanique
Grâce aux cours que Balligand pose en nous
Sur la chaleur et la pompe hydraulique
Nul ne saurait s'en prévaloir sur nous
Et nous donnons des cours gratis aux dames
Pour leur montrer les vis et les écrous
Nous pomperons pour montrer à ces dames
Comme il fait bon de pomper à Gembloux.

3. (Eaux et Forêts)
On voit aussi de la sylviculture
Grâce aux leçons du savant Saint-Esprit.
Je vous assure que ce genre de culture
Mes chers amis nous remplit tous d'ennui.
Mais quand au bois, on rencontre une fillette
C'est pour parler de l'oeillet, du bouton.
Il fait si bon de causer sur l'herbette,
Même à Gembloux, même à Gembloux c'est bon.

4. (Chimie)
Et en chimie, on nous apprend qu' la femme
Ressent pour l'homm' beaucoup d'affinités,
Par le frott'ment, il engendre la flamme
Et l'enfant naît, c'est le précipité.
D'où Pierre Henri nous tire la formule
Deux culs baissés = Bébé, c'est tout.
Si vous voulez éviter la pilule,
Adressez-vous aux chimist's de Gembloux.

5. (Tempérés)
Des p'tites fermières, il faut priser le charme,
Antoine l'a dit tout l'avenir est là
Il faut savoir entretenir ses armes,
Afin d'entrer dans l'paradis d'Allah
Pour assurer l'avenir de notr' race.
D'accort's commèr's peuv'nt seul's nous seconder
L'économie que jamais rien ne lasse
Dress'ra le compt' de nos félicités.

6. (Tropicaux)
La vieille forc', d'après l'prof de culture,
Doit résulter d'un emploi judicieux
De ses réserv's données par la nature,
Dispensatric' de biens délicieux.
De la banan', cette cultur' féconde
Entretenons le culte avec ardeur.
Si nous voulons fair' figur' dans le monde
Et obtenir un rend'ment de faveur.

7. (Horticoles)
L'horticulture, c'est là où l'on s'amuse
Légum's, fruits, fleurs, la natur' nous cajole
Y'a plein d'plaisirs et plein d'idées profuses.
Tout's ces bonn's choses, ça vient des horticoles
Nos fruits procur'nt confitur's et bitures,
Les cœurs s'enflamm'nt au feu de nos bouquets,
Serr's et vergers sont nos palais d'verdure
Biture, bouture, nos dignes activités.

8. (Tous)
O Sigebert, vénérabl' macrobite,
Tu ne connus tout's nos tribulations
Tu fus exempt d'un tas d'appendicites,
Et c'est ma foi une consolation
T'as préféré garder tes avantages,
Du dieu Eros t'as bravé le courroux,
T'as fait l' malin, t'as voulu rester sage,
T'as pas connu les voluptés d' Gembloux.







Te souviens-tu ?



Arrangement : Xavier Hubaut 

1. "Te souviens-tu?" disait une maqu'relle
A sa compagne une antique putain
"Te souviens-tu? T'étais encor pucelle
Tu fus un jour menée dans un bougin
T'avais seize ans, une bouche vermeille
De frais tétons et surtout un beau cul!
Dans nos bordels tu produisais merveille,
Dis-moi putain, dis-moi t'en souviens-tu?"
} (bis)

2. "Te souviens-tu qu'en brillant équipage
Un vieux marquis vint chez nous t'enlever
Etant épris des charmes de ton âge
A nos marlous il voulait t'arracher!
Et toi, chameau, dédaignant ses caresses,
Tu refusais et son titre et ton cul,
T'aurais bien dû profiter d' ses largesses,
Dis-moi putain, dis-moi t'en souviens-tu?"
}(bis)

3. "Te souviens-tu de l'étudiant novice
Qui te donnait son foutre et son argent
Il eut de toi bientôt la chaude-pisse
De trois poulains tu lui fis le présent!
Ce mal rongeur coulant de veine en veine
Il maudissait et ton con et ton cul!
Et toi, chameau, tu riais de ses peines,
Dis-moi putain, dis-moi t'en souviens-tu?"
}(bis)

4. "Te souviens-tu du brave capitaine
Qui près de toi revenait chaque soir
Se délasser des fatigues lointaines
Sur son vit dur il te faisait asseoir!
Quand, au contact de ses couilles brûlantes,
Son foutre ardent inondait ton beau cul
Tu le branlais d'une main caressante,
Dis-moi putain, dis-moi t'en souviens-tu?"
}(bis)



Il s'agit d'un parodie d'un poème de Paul-Emile Debraux intitulé Dis-moi, soldat, te souviens-tu ? (Souvenirs d'un vieux militaire) qu'il écrit en 1817 sur une musique de Joseph-Denis Doche. Par la suite, elle contribuera à sa renommée. Une analyse détaillée figure dans Wikipedia.

On la retrouve dans le volume 1 (fascicule 9) de Chants et chansons populaires de la France paru en 1858 et la musique figure également dans l'ouvrage Musique des chansons de Béranger Airs notés anciens et modernes - 6e édition par Halévy et Mme Mainvielle-Fodor - Paris, Perrotin - 1853.

Pour plus de détails sur la musique, voir Le fusil.

Il existe une autre parodie intitulée La comtesse et le calotin. Publiée à l'origine dans Le panier aux ordures en 1866, elle est reprise dans L'œuvre libertine des poètes du XIXe siècle pièces recueillies par Germain Amplecas (Gillaume Apollinaire)

1. Te souviens-tu, disait une comtesse
Au calotin qui la foutais jadis,
Te souviens-tu de ces beaux jours d'ivresse,
Où sans broncher nous allions jusqu'à dix ?
Fermes tous deux, tous deux pleins de courage.
Nous échangions de violents coups de cul.
Dieux ! quels transports! quel amour! quel rage!
Dis-moi, l'abbé, dis-moi, t'en souviens-tu ?

2. Te souviens-tu qu'au bout d'une quinzaine,
Perdant déjà du feu qui nous charmait,
Ton vit musard ne levait qu'avec peine
Et d'un affront parfois me menaçait ?
Mais le secours d'une main potelée
Lui rend bientôt sa première vertu;
Je te branlais pour mieux être enfilée:
Dis-moi, l'abbé, dis-moi, t'en souviens-tu ?

3. Te souviens-tu que l'ingrate nature,
Me refusant tous ses puissants attraits,
Tu me priais de changer de posture ?
Novice encor, moi je m'y refusais.
Pour t'obéir, je me courbe en levrette
Avec deux de tes doigts tu m'écarte le cul:
D'avoir cédé je fus satisfaite !
Dis-moi, l'abbé, dis-moi, t'en souviens-tu ?

4. Te souviens-tu que posture et manière,
En peu de temps ayant tout épuisé,
A tes regards vraiment mon derrière
Frais et dodu demeurait exposé ?
Lorsque ton vit trouvant un trou moins large,
Soudain rebande et s'adresse à mon cul
Tu te pourfends, je pleure et tu décharges:
Dis-moi, l'abbé, dis-moi, t'en souviens-tu ?

5. Te souviens-tu qu'un jour à tête-bêche
D'abord rétive à ton brulant désir,
Mais par degrés, docile et moins revêche,
En te suçant j'éprouvais du plaisir ?
Te souviens-tu qu'enfin mieux avisée,
Lass' de ton vit, branlé, sucé, mordu,
Ma bouche avide aspirait la rosée:
Dis-moi, l'abbé, dis-moi, t'en souviens-tu ?

6. Est-ce un défi, ma chère, est-ce un reproche ?
Moi t'oublier ! Ah ! tu ne le crois pas;
Tu rajeunis et déjà je bandoche
Au souvenir des tes anciens appas;
Respectant peu et soutane et calotte,
Dans mon ardeur pour toi j'ai tout foutu;
Mais ce visag', ces tétons, cette motte,
Dis-moi, comtesse, que sont-ils devenus ?

Ce poème n'est hélas pas signé.






L'ancien étudiant

air: Te souviens-tu ?


Arrangement : Xavier Hubaut 

1. Puisons amis, l'oubli dans nos ivresses,
Que bière et vin soient pour nous bienvenus,
L'alcool nous pousse aux lascives caresses,
Sine Baccho, dit-on, friget Vénus.
Mes chers amis, aux heures de marasme,
Soyez-en sûrs, ce vin fortifi-ant,
Vous remplira d'ardeur et d'enthousiasme
Voilà l'avis d'un vieil étudi-ant.
} (bis)

2. Pour s'abstenir de fumer et de boire,
Les tempérants ne s'en portent pas mieux,
Suivons toujours les conseils de l'histoire,
Soyons au moins dignes de nos aïeux.
Le vieil Horace a chanté le Falerne,
Le bon Bergson le vin fortifi-ant !
Tout mon plaisir, c'est la taverne
Voilà l'avis d'un vieil étudi-ant.
} (bis)

3. Surtout fuyons, fuyons comme la peste
Ces péroreurs appelés tempérants,
Pour eux le vin, le bon gîte et le reste
Sont des plaisirs presque déshonorants
De ces cons-là méprisons les disciples
Pâles crevés aux regards larmoyants 1
Et flanquons-nous des tamponnes multiples
Voilà l'avis d'un vieil étudi-ant.
} (bis)

4. S'épouvanter de quelque vague buse,
N'est que le fait d'un indigne froussard
Et je prétends qu'il faut que l'on s'amuse
Pour s'éviter bien des regrets plus tard.
O mes amis! si par quelque magie,
Je reprenais ma jeunesse à l'instant,
Je resuivrais le chemin de l'orgie,
Voilà l'avis d'un vieil étudi-ant.
} (bis)




Pour les informations relatives à l'air, voir la notice Le fusil.







La Brabançonne d'une putain



Arrangement : Xavier Hubaut 

1. Je me souviens, lorsque j'étais jeune fille,
D'un jeun' garçon qui passait par bonheur,
Il me trouva si belle et si gentille,
Qu'il me montra sa gross' pine en chaleur.
Et tout à coup, sous mes jupons s'élance
L'énorme queue qu'il tenait à la main:
Il déchira mon voile d'innocence,
Voilà pourquoi je me suis fait putain ! (ter)

2. Je ne sais pas si j'étais déjà coquine,
J'aimais déjà qu'on m' chatouillât l' bouton.
J'avais goûté de ce bon jus de pine,
J'avais reçu du foutre dans le con;
J'avais baisé, je n'étais plus pucelle,
Je chérissais le métier de putain,
Plus je baisais, plus je devenais belle,
Voilà pourquoi je me suis fait putain ! (ter)

3. Quoi que je ne sois qu'une fille publique,
J'ai de l'amour et de l'humanité.
Tout citoyen de notr' libre Belgique
Devrait baiser et jou-ir en liberté.
Pour de l'argent, le riche a ma fente,
Le pauvre, lui, peut en jou-ir pour rien.
Pour soulager l'humanité souffrante,
Voilà pourquoi je suis une putain ! (ter)




Rappelons à nos amis étrangers que "La Brabançonne" est l'hymne national de la Belgique.
A chaque fin de couplet, on peut ajouter, selon l'inspiration du moment: "Nom d'un chien !", "Poil au vagin !",... ou tout autre exclamation.

Cette chanson, qui a été interprétée en 2007 par Pierre Perret (Les dieux paillards 1), existait pourtant depuis bien longtemps. En effet on la retrouve, à quelques mots près, à la page 122 du volume 2 de l'Anthologie hospitalière et latinesque sous le titre La putain de 70 (il s'agit, non pas d'une fille de 70 ans, mais de l'année 1870 !).
Elle comportait 4 couplets et se chantait sur l'air de Te souviens-tu ? : en voici la version intégrale:


1. J'avais quinze ans et j'étais jeune fille,
Quand un garçon qui passait pour fouteur,
En me voyant si belle et si gentille,
Me fit sentir une pine en chaleur.
Sous mes jupons, tout à coup, il s'élance;
Avec son vit qu'il tenait à la main:
Il déchira ma robe d'innocence,
Voilà pourquoi je suis une putain !
} (bis)

2. Ce n'est pas tout ; j'étais un peu coquine,
Je me faisais chatouiller le bouton.
J'avais sucé un grand nombre de pines,
J'avais reçu du foutre dans mon con;
J'avais baisé, je n'étais plus pucelle,
Baisant le soir, baisant le matin,
Plus je baisais, plus je devenais belle,
Voilà pourquoi je suis une putain !
} (bis)

3. J'aimais la joie, la folie, le tapage,
J'étais déesse des plus grands bazars.
Je fréquentais les lieux de tout étage,
Je me servais des plus gros braquemards;
Je savourais, comme une friandise,
Les doux appas du sexe masculin;
Pour mieux baiser, je quittais ma chemise :
Voilà pourquoi je suis une putain !
} (bis)

4. Puisque je suis une fille publique,
J'ai de l'amour et de la charité.
Tout citoyen, en bonne République,
Doit vivre et foutre en pleine liberté.
Si pour l'or, le riche a une fente,
Le pauvre, aussi, la possède pour rien.
J'ai soulagé l'humanité souffrante,
Voilà pourquoi je suis une putain !
} (bis)

Chacun des couplets de la chanson comporte 8 vers (soit les deux derniers sont bissés soit le dernier est trissé). Chacun des vers est un dizain comprenant une césure après le quatrième pied. Cette structure est assez courante et c'est la raison pour laquelle on rencontre de nombreuses chansons utilisant le même timbre.
Il est vraisemblable qu'un Belge ait remarqué que la Brabançonne avait précisément cette structure. C'est ainsi qu'il s'amusa à recycler royalement La putain de 70 !







L'homme au puissant braquemart



1. Sacrée putain tu recules
Je n'en puis plus de bander
Regarde mes testicules
Ils vont bientôt éclater

Le foutre, c'est ridicule
Va jaillir comme un geyser
Amène ici ton derrière
Pour qu'à la fin je t'encule

Je suis l'homme (ter) au puissant braquemart
Je suis l'homme (ter) au gros dard


2. Mais les putains me dégoûtent
Il faut toujours les payer
D'autant plus que ma bell' zoute
N'aime pas les enculer

Le trou du cul ell's le planquent
Quand j'arrive dans la rue
C'est pourquoi il faut que j' bande
Pour leur démolir l'anus

A bas l'homme (ter) au puissant braquemart
A bas l'homme (ter) au gros dard


3. Je vais monter à Pigalle
Sur le trottoir du milieu
J'irai chercher les pédales
Qui aimeront mon gros nœud







Madeleine



Arrangement : Xavier Hubaut 

1. Madeleine, à bon droit, passa
Pour une fille débordée,
En luxure elle dépassa
Toutes les Thaïs de Judée
De sa beauté, Jésus touché (bis)
Vous la tira, vous la tira,
Vous la tira de son péché

2. On voyait deux globes naissants
Palpiter sur un sein d'albâtre,
Des pieds, des bras, des yeux brillants,
Dont l'amour était idolâtre
Ses reins souples et vigoureux (bis)
Étaient d'un con, étaient d'un con,
Étaient d'un contour délicieux

3. La sainte cachait tant d'appâts
Sous une belle chevelure,
Qui, flottant et tombant en bas,
Descendait jusqu'à la ceinture
Mais pour qui ces trésors divins? (bis)
Pour les gros vi, pour les gros vi,
Pour les gros vilains Philistins!

4. L'esprit immonde et tentateur
Fit choix de cet objet aimable,
Pour présenter au Créateur
L'appât d'un piège inévitable:
Jésus ne la vit pas plus tôt (bis)
Qu'il vous la fou, qu'il vous la fou,
Qu'il vous la foudroya d'un mot!

5. Par la vertu du Saint-Esprit,
Ce mot toucha la pécheresse
Son cœur sincèrement contrit
Du plaisir abjura l'ivresse
Et craignit depuis ce moment (bis)
L'ombre d'un cu, l'ombre d'un cu,
L'ombre d'un cupide galant

6. Sur sa gorge, un grand fichu noir
En cacha les globes d'ivoire
Du plus voluptueux boudoir,
Ell' fit un austère oratoire,
Son cœur, du monde détaché (bis)
Pleurait le vi, pleurait le vi,
Pleurait le vice et le péché.

7. La sainte pleura tant et tant
Qu'elle acheva sa pénitence
Son esprit s'envoie à l'instant
Au Paradis sa récompense
Jésus touché de sa ferveur, (bis)
La met au com, la met au com,
La met au comble du bonheur.

8. Si le Seigneur au rang des saints
Admet toutes les Madeleine,
Si le ciel propice aux putains
Fait grâce aux galantes fredaines,
Combien de dames de Paris (bis)
Iront par trou, iront par trou,
Iront par troupe au Paradis ?




Cette chanson a du être en vogue au XVIIIe siècle. En effet, en 1810, elle est donnée comme air de référence pour une autre chanson par Antoine Pierre Augustin De Piis. Elle se chante sur l'air 383 de La clé du caveau qui a, par ailleurs, donné naissance à bien d'autres chansons: Autrefois sur mon flageolet, L'autre jour des vêpres sortant, Une belle qu'on aime bien,...
C'est encore un joli exemple de texte à fausses rimes, tout comme La jeune fille du métro, Les trente brigands ou bien encore au XVIIe A frère Jean Tibaut .







Ah! Petite tache noire



MP3 : Tonus 

1. Un jour la p'tit' Jeannette
Se baignant le cul nu
Aperçut dans un' glace
Son petit chat velu
Oh! Uh!

Ah! Petite tache noire
Jamais je ne t'avais vue


2. Ah! Ah! s'écria-t-elle
Il est noir et poilu,
Et elle a décidé
Qu'il serait ras tondu
Oh! Uh!

Ah! Petite tache noire
Jamais je ne t'avais vue


3. Avec de grands oiseaux
Tout de frais rémoulus
Mais en voulant le tondre
Elle se l'est fendu
Ouie! Uh!!

Ah! Petite tache noire
Jamais je ne t'avais vue


4. Tous les méd'cins d'la ville
Sont bien vite accourus,
Et dirent tous en chœur:
"Encor' un cul d' foutu!"
Oooh! Uuuh!

Ah! Petite tache noire
Je ne te reverrai plus!


5. Oui, mais le cousin Blaise
Lui aussi est venu,
Et sans perdre un' minute
Il lui a recousu
Oh! Uh!

Ah! Petite tache noire
Moi, je te l'ai recousu


6. Avec sa grande aiguille
Qui lui pendait au cul
Et les deux p'lot's de fils
Qui y sont suspendues
Oh! Uh!

Ah! Petite tache noire
Jamais je ne t'avais vue


7. Il fallait un' morale
A cett' histoir' de cul:
Fillett's ne tondez plus
Les poils de votre cul;

Parlé: Oh non!
Ou si vous les coupez
Car vous êtes têtues
N'oubliez pas l'aiguille
Qui seule a recousu

(Très lent):
Ah! Petite tache noire (bis)
Jamais je ne t'avais vue





La chanson dérive d'un "pas redoublé" avec clairons et tambours écrit par Alfred Haring, chef de musique du 32e régiment d'infanterie à la fin du XIXe siècle.

Sur cet air, bien vite, circulèrent des paroles:

C'est la p'tit' Fanchette,
Derrièr' son bahut,
En charchant ses puces
Elle a vu son ...
Ah! Petit' tache noire (bis)
Jamais je ne t'avais vue.

La chanson est reprise d'ans l'Anthologie hospitalière et latinesque (1911) sous une forme légèrement différente.

Refrain:
Ah! Petite tache noire
Jamais je ne t'avais vue

}(bis)

1. L'aut' jour la p'tit' Suzette
Se baignant à cul nu (bis)
Aperçut par hasard
Son petit chat velu
Oh! Uh!

2. Aperçut par hasard
Son petit chat velu (bis)
Et jura que sur l'heure
Il serait tondu
Oh! Uh!

3. Et jura que sur l'heure
Il serait tondu (bis)
Avec de grands ciseaux
Tout frais rémoulus
Oh! Uh!

4. ...Mais en voulant le tondre,
Elle se l'est fendu, ...

5. ... Tous les méd'cins d'la ville
Sont bien vite accourus. ...

6. ... Et dirent tous en chœur
"Encor un cul d' foutu !"...

7. ... Et c'est le cousin Blaise
Qui lui a recousu, ...

8. ... Avec sa grande aiguille
Qui lui pendait au cul. ...

9. ...Et ses deux pelotes de fil
Qui lui sont suspendues !...

Si le texte est fort semblable, la structure est différente; le 2e vers est bissé, de même que le refrain; de plus chaque couplet commence par une reprise des 3e et 4e vers du couplet précédent. Il est donc vraisemblable que l'air original a été modifié.

Toutefois on trouve dans Chansons gaillardes et bachiques du Quartier latin (1933) une autre version que nous reproduisons ci-dessous:

La mère Blaise


1. C'est la mère Blaise,
Derrière son bahut, ohu !
En cherchant ses puces,
Elle vit son cul, ohu !


Ah! Petite tache noire
Jamais je ne t'avais vue

}(bis)


2. En cherchant ses puces,
Elle vit son cul, ohu !
Elle a résolu
Qu'il serait tondu, ohu

3. ...Avec ses ciseaux
Tout frais rémoulus, ohu !

4. ...En s'coupant les poils,
Elle se coupe le cul, ohu !

5.... Et c'est le grand vicaire
Qui l'a recousu, ohu !

6. ...Avec un' grosse aiguille
Qui lui pend au cul, ohu!

7. ...Et les deux p'lotes de fil
Qui s' balanc'nt au-d'ssus, ohu !

Comment choisir ? On trouve, coïncidence, le cousin Blaise qui se trouve remplacé par le grand vicaire de la mère Blaise.

Probablement que la chanson est assez ancienne et que nous trouvons en présence de descendants ayant évolués différemment.